La chanson la plus triste jamais enregistrée.

Bonne chance.

Tu as de ces questions... Je dirais que certaines chansons de Brel donnent envie de se pendre. Mais bon, il doit y avoir pire.
(Comme les autres, je suis un affreux macho, donc je préférais la première version de ta photo. Si toutefois c'était bien la tienne... )

Malheureusement cette chanson n'a jamais été enregistrée car il s'agit sans aucun doute de ma complainte ( accompagnée comme il se doit à la mandoline éclairée de la lumière douce de la lune ) de ne pas t'avoir connu plus tôt...

"Patron un petit verre on a soif! " chanté à l'évêque Cauchon - qui refusait de la resservir - par Jehanne la Pucelle, dite Jeanne d'Arc, le 29 mai 1431. Eh, la garce ne prisait pas seulement de bouter les anglois hors de France, mais aussi de s'arsouiller toute la sainte journée. Elle n'était pas maigre et son visage n'était pas émacié, au contraire elle était bouffie par l'alcool ce qui fait qu'elle flamba fort bien quand la bise fut venue lui lécher la plante des pieds qu'elle avait pleins de mégots de gitanes et de fragments de cacahouètes à force de traîner dans les bistrots d'Orléans.

Merde, qu'est qu'on peut être con à 2H55 du Mat. Si je continue comme ça, jamais je ne gagnerai cette prodigieuse photo, mais c'est commak, j'suis comme la vigie des pirates d'Astérix, je m'saborde quand la côte du Paradis est en vue.

J'en profite pour préciser que le concert de Monica Passos au Sunside c'était pas samedi soir mais ce sera la semaine prochaine je crois. je en l'ai donc pas vue et ne puis en parler. En revanche je me suis rabattu, avec un vieux camarade croisé rue Pierre Aulard, sur un concert de jazz absolument catastrophique avec une chanteuse aussi con que Sarko, incapable d'ouvrir la bouche sans beugler comme une harengère des Halles et un bassiste macrobiotique qui confondait son instrument avec un bouquet de fleur. Et je garde le meilleur pour la fin: le guitariste muni d'une splendide et vénérable ES-175 n'a rien trouvé de mieux que de renverser sa canette de 16 dessus. Ce mec a passé une partie de la soirée - le reste je en sais ce qu'il a inventé parce qu'après j'ai mis les adjas - a essayer d'imiter Wes et de faire des brochettes géantes d'octaves mais comme il a les doigts palmés...Il a ainsi massacré "Mr Walker" en beauté et avec un sourire entendu, du genre " j'ai du style" pour enchaîner sur un "Giant Steps" pour lilliputiens parkinsoniens. Horresco refferens mes amis! Mais ce qui porta le coup de grâce à votre obligé fut l'arrivée de deux condés hilares qui allèrent s'appuyer au bar pour y boire une bière fraîche. Et là, en ces temps de réaction, voir ces faquins de la basse-police s'enivrer et laver leurs consciences fétides au son d'une si mauvaise musique provoqua le départ intempestif de votre serviteur, poussé vers la sortie par un réflexe salvateur.

Ce ne sont donc plus seulement nos journées qui sont empoisonnées mais nos nuits colonisées par les fanatiques de Mireille Matthieu et de Bigard réunis.

Cristobal a écrit:

Tu as de ces questions... Je dirais que certaines chansons de Brel donnent envie de se pendre.

+1000 avec Cristobal...

"Orly", "L'éclusier", "Fernand"... ça se pose tout de même là !!!! (emphémisme)

sinon je cherche Kristina et je reviens te faire une liste ! j'ai déjà des idées..

L'un des morceaux les plus tristes que j'ai entendu, c'est peut être le sublime "Nad rekoi" (on the river), mélodie du cycle "Sans soleil" de Moussorgsky, je ne l'ai hélas pas trouvé en version chantée intégrale mais pour flûte et piano (c'est pas mal non plus) :

Nad rekoi : très difficile de faire plus sombre et plus désespéré... Chris Marker a d'ailleurs réalisé un film du même titre (avec une musique électronique qui reprend le même thème).

Voici aussi un bout d'une remarquable version pour orchestre (arrangement signé par Geert van Keulen) : Nad rekoi (pour orchestre à vents, cordes graves et voix de basse)

kfigaro a écrit:

L'un des morceaux les plus tristes que j'ai entendu, c'est peut être le sublime "Nad rekoi" (on the river), mélodie du cycle "Sans soleil" de Moussorgsky, je ne l'ai hélas pas trouvé en version chantée intégrale mais pour flûte en piano (c'est pas mal non plus)

"Nad rekoi", c'est extrêmement triste.

La fin du cycle du Winterreise de Schubert est sans appel également, il n'y a qu'à écouter "Der Leiermann" pour ne plus vouloir continuer quoi que ce soit. Le dernier lied est la fin symbolique de tous les chemins mais aussi un raccourci qui fait de la mort une irrésistible consolation. Et la structure en est si diaboliquement simple, ces 11 notes.

Der Leiermann

Drüben hinterm Dorfe
Steht ein Leiermann
Und mit starren Fingern
Dreht er was er kann.

Barfuß auf dem Eise
Wankt er hin und her
Und sein kleiner Teller
Bleibt ihm immer leer.

Keiner mag ihn hören,
Keiner sieht ihn an,
Und die Hunde knurren
Um den alten Mann.

Und er läßt es gehen,
Alles wie es will,
Dreht, und seine Leier
Steht ihm nimmer still.

Wunderlicher Alter !
Soll ich mit dir geh'n ?
Willst zu meinen Liedern
Deine Leier dreh'n ?

Je propose pour basculer avec élégance dans l'autre monde la version enregistrée par Hans Hotter, supérieure à celles pourtant toutes désespérées de Fischer-Dieskau, à savoir celle de 1943 où il est accompagné par Michael Raucheisen. L'ombre de la guerre frappe la mélodie, déjà désoeuvrée, du sceau de la plus noire déréliction. Et j'écris cela avec à l'esprit que sur le plan strictement formel, je préfère peut-être celle, légèrement plus distanciée, enregistrée par le même Hotter avec Erik Werba en 1961. Mais évidement, Nad Rekoi - que je suis en train de réécouter grace à kfigaro - c'est vraiment la nuit.

Continuons nos sombres recherches.

Et il y a pléthore de chansons tristes (ou faussement gaies, ce qui revient au même) dans la musique brésilienne, je me bornerais à en indiquer quelqu'unes qui me bouleversent littéralement depuis très longtemps :

Suíte dos Pescadores de Dorival Caymmi chanté par Nara Leão (écoutez la voix de la chanteuse sur le "Canção da Noiva" au milieu du morceau, c'est à tomber à la renverse...)

Saveiros par Elis Regina (comment ne pas craquer ? écoutez les subtiles dissonantes et toutes ces harmonies si "décadentes" sur certaines mesures, c'est fabuleux !)

d'autres suivent...

Pour ceux qui n'ont pas la culture pléthorique et délirante de Gittes, voici le morceau de Schubert en question :

Der Leiermann (trop subtil ou trop simple pour moi ce compositeur j'avoue, j'ai jamais totalement accroché, j'attends d'écouter ses opéras d'ailleurs, ça me plaira peut être plus...)

Pour faire simple, je crois qu'il n'y a rien de plus triste que le fado

Je partage assez cet avis

Le fado est un peu "too much" pour moi (surtout vocalement), ce que je trouve personnellement bouleversant dans les morceaux "classiques" que nous avons cité Gittes et moi (sans parler des chansons brésiliennes), c'est justement la retenue, la pudeur, et l'aspect "intériorisé", ça fout d'autant plus les jetons et c'est d'autant plus noir, enfin c'est mon point de vue évidemment...

Une chanson parmi les plus noires du répertoire de l'entre deux guerres :

La complainte de la Seine de Maurice Magre et Kurt Weill



Au fond de la Seine, il y a de l'or,
Des bateaux rouillés, des bijoux, des armes…
Au fond de la Seine, il y a des morts…
Au fond de la Seine, il y a des larmes…

Au fond de la Seine, il y a des fleurs;
De vase et de boue, elles sont nourries…
Au fond de la Seine, il y a des coeurs
Qui souffriront trop pour vivre la vie…

Et puis des cailloux et des bêtes grises…
L'âme des égouts soufflant des poisons…
Les anneaux jetés par des incomprises,
Des pieds qu'une hélice a coupés du tronc…

Et les fruits maudits des ventres stériles,
Les blancs avortés que nul n'aima…
Les vomissements de la grand'ville…
Au fond de la Seine, il y a cela…

O Seine clémente où vont les cadavres,
O lit dont les draps sont faits de limon,
Fleuv' des déchets, sans fanal, ni hâvre
Chanteuse berçant, la morgue et les ponts,

Accueil' le pauvre, accueil' la femme,
Accueil' l'ivrogne, accueil' le fou,
Mêle leurs sanglots au bruit de tes lames,
Et porte leurs coeurs, parmi les cailloux…

Au fond de la Seine, il y a de l'or
Des bateaux rouillés, des bijoux, des armes…
Au fond de la Seine, il y a des morts…
Au fond de la Seine, il y a des larmes…

© Maurice Magre / Kurt Weill

Absent tout ce Week-end, je crois bien que j’ai raté un épisode…

Allez, comme j’aime bien les concours et qu’apparemment, vu votre enthousiasme, la récompense est intéressante, je me lance.
Voyons, ma sélection reste très basique :

Au niveau brésilien je mettrais :
« As praias desertas» et
« Dindi » de Jobim ( d’une grande mélancolie ).
« Pra dizer Adeus » d’Edu Lobo

En français :
« Ne me quitte pas » ( mais chanté par Nina Simone…le comble de la déprime !!! )
« Avec le temps » de Léo Ferré ( bon dieu, qu’est-ce qu’elle est triste, celle-là !! )
« La chanson des vieux amants » par Brel ( celle-là, je ne la supporte pas )

charles a écrit:

« As praias desertas» et
« Dindi » de Jobim ( d’une grande mélancolie ).
« Pra dizer Adeus » d’Edu Lobo

j'avais aussi pensé à "As praias desertas" mais j'ai trouvé encore plus triste depuis !

excellent choix en tout cas !

La chanson des vieux amants que la papesse du fado actuelle Misia a chanté

Extrait

chetbaker a écrit:

La chanson des vieux amants que la papesse du fado actuelle Misia a chanté

Extrait

J'aime beaucoup le fado et en particulier la chanson et l'interprête que tu cites Chetbaker! Mais les brillantes contributions précédentes sont passionantes aussi même si parfois un peu ironiques. Si certains pensent que la "photo d'Eve " c'est idiot, on peut l'oublier et poursuivre ce sujet sans qu'il y ait d'autre enjeu que de répondre. Après tout, ce n'est pas moi qui ait commencé à délirer sur cette photo de vacances...Je ne suis pas une vieille rombière et ne suis pas coincée du tout, mais Je resterai en eskimau pour le moment, c'est mieux pour débattre!

Kristina a écrit:

Mais les brillantes contributions précédentes sont passionantes aussi même si parfois un peu ironiques.

tu veux sans doute parler de Gittes ?, si c'est le cas c'est sur qu'il n'est clairement pas dans le camp de la majorité présidentielle !!

Je dirais pas triste mais Mélancolique : Ave Maria , par Mozart (?) interpretée par cette chere Maria Callas.

C'est vrai que Schubert c'est triste (comme le disait si bien Depardieu...), mais je me demande si certains lieder de Malher ne sont pas encore plus tristes !

Pour les chansons françaises, certaines chansons de Thiéfaine sont pas mal dans le genre. Enfin plus sinistres que tristes en fait...
Sinon oui, Fernand est triste... Avec le Temps n'est pas si triste, plutôt mélancolique et désenchanté...

Et je pencherai volontiers pour une interprétation de Yesterday, mi chantée mi parlée, par Billie Holiday un peu avant sa mort.

En fait, le fado ou le blues, c'est triste ou mélancolique ?

J'ai remis ton topic au bon endroit masskif... sinon le "Ave Maria" le plus connu, c'est celui de Schubert non ?

Christian a écrit:

mais je me demande si certains lieder de Malher ne sont pas encore plus tristes !

pour moi si, tu as raison, les Mahler sont encore plus tristes (sur le plan musical en tout cas), mais rien n'égale la fin du "Sans soleil" de Moussorgsky (voir page 1), plus noir on peut pas, c'est pas possible...

Je n'avais pas fait le lien avec Sans Soleil de Chris Marker. Vu que j'ai le DVD, je vais aller m'écouter ça.

kfigaro a écrit:

Kristina a écrit:

Mais les brillantes contributions précédentes sont passionantes aussi même si parfois un peu ironiques.

tu veux sans doute parler de Gittes ?, si c'est le cas c'est sur qu'il n'est clairement pas dans le camp de la majorité présidentielle !!

Bah, ici je ne suis pas le seul...C'est bien ce qui rend l'atmosphère de ce forum respirable, à savoir que la bossa, et encore moins la samba qui "se marche" pourtant ne sont pas réductibles à la forme de la marche militaire.Tu imagines un garde-mobile charger avec une panoplie carioca? Le défilé du 14 juillet transformé en carnaval? Mais j'ai bien peur qu'un aussi magnifique bordel n'ait jamais lieu. On aura notre lot de matraques à défaut de capirinhas.

Et on chantera à tue tête cette chanson magnifique de Géraldo Vandré qui a payé très cher son opposition aux colonels alors que d'autres, bien plus célèbres, se sont planqués derrière leur notoriété. Tiens je vais bientôt ouvrir un super-topic "Géraldo Vendré", ça nous fera du bien à tous kfigaro.

Prá não dizer que não falei de flores
Geraldo Vandré

Composição: Geraldo Vandré

Caminhando e cantando e seguindo a canção,
Somos todos iguais braços dados ou não,
Nas escolas, nas ruas, campos, construções,
Caminhando e cantado e seguindo a canção,

Vem, vamos embora que esperar não é saber,
Quem sabe faz a hora, não espera acontecer,

Pelos campos a fome em grandes plantações,
Pelas ruas marchando indecisos cordões,
Ainda fazem da flor seu mais forte refrão,
E acreditam nas flores vencendo o canhão,

Vem, vamos embora que esperar não é saber,
Quem sabe faz a hora, não espera acontecer,

Há soldados armados, amados ou não,
Quase todos perdidos de armas na mão,
Nos quartéis lhes ensinam uma antiga lição:
De morrer pela pátria e viver sem razão,

Vem, vamos embora que esperar não é saber,
Quem sabe faz a hora, não espera acontecer,

Nas escolas, nas ruas, campos, construções,
Somos todos soldados, armados ou não,
Caminhando e cantando e seguindo a canção,
Somos todos iguais, braços dados ou não,
Os amores na mente, as flores no chão,
A certeza na frente, a história na mão,
Caminhando e cantando e seguindo a canção,
Aprendendo e ensinando uma nova lição,

Vem, vamos embora que esperar não é saber,
Quem sabe faz a hora, não espera acontecer.

Citation :

Avec le Temps n'est pas si triste, plutôt mélancolique et désenchanté

C'est mon opinion. C'est un règlement de comptes de fait avec sa seconde femme Madeleine, histoire d'un amour-haine de toute une vie..... Ferré à une époque massacrait volontairement cette chanson sur scène, l'interprétant à capella et à contretemps.... Vers la fin de sa vie, il finissait ses concerts avec cette chanson en gueulant à la fin " salope! salope! " Je précise que j'aie du voir Ferré 8 ou 9 fois sur scène
L'amour et la haine, c'est souvent la même chose, juste une sensation de frustrations et de rancoeurs - ce que Nougaro a très bien résumé: Je te haime

Pour les chansons françaises tristes, j'irais plutôt voir du côté d'Aznavour: la mamma, Que c'est triste Venise et quelques autres du même cru mettent la gueule par terre, voire du côté de Lény escudéro