Caetano Veloso: Anecdotes et parcours (pages récentes)

@ Didico : Muito obrigada old chap !
Je n'ose pas trop l'écouter... Non, par peur d'être déçue. C'est même tout le contraire, peur de ne pas savourer avec assez d'intensité le plaisir de la découverte de l'album.
Je vais quand même l'écouter mais il faut que je me trouve un moment de tranquillité, (pas évident pour moi en ce moment ) pour découvrir l'intégralité du disque.

Merci infiniment pour le lien, Didico.
Comme je m'inquiète. Je vais presque tout aimer dans cet album. Moi qui m'attendait juste à écouter de loin son modernisme au fait de l'actualité, me laissant lâcher du peloton de ceux qui savent évoluer, je trouve un CD très abordable.
Oh que j'aime :
Gayana
Quando a galo cantou
Um comunista

Maintenant me reste à comprendre les textes, car j'imagine qu'il en a pris grand soin.

zanzibar a écrit:

Oh que j'aime :
Um comunista
Maintenant me reste à comprendre les textes, car j'imagine qu'il en a pris grand soin.

Caetano Veloso
Um comunista
(Un communiste)
https://www.youtube.com/watch?v=84fbY0T1sSY

Um mulato baiano
Muito alto e mulato
Filho de um italiano
E de uma preta haussá*
Foi aprendendo a ler olhando mundo a volta
Prestando atenção no que não estava a vista
Assim nasce um comunista

Un mulâtre baianais
Très grand et mulâtre
Fils d'un Italien
Et d'une noire haussá *
Qui apprit à lire en observant le monde autour de lui
Et qui était attentif à tout ce qu'il ne pouvait pas voir
Ainsi naît un communiste

* africanos conhecidos pela combatividade nas sublevações contra a escravidão
* africains connus pour leur combativité lors des soulèvements contre l'esclavage


O guerrilheiro Carlos Marighella,
assassinado pelo regime militar em 1969.
https://bossa-nova.forumactif.com/t2367-les-annees-de-plomb

Marighella (2011), film de Isa Grinspum Ferraz.
https://www.youtube.com/watch?v=6Hc7HeRY264

Il était hier soir dans Altas horas
le programme de Serginho Groisman
pour interpréter plusieurs titres
de son nouvel album Abraçaço

Caetano Veloso no Altas horas
Império da lei
http://tvg.globo.com/programas/altas-horas/

O império da lei há de chegar no coração do Pará.
Quem matou, meu amor, tem que pagar.
E ainda mais quem mandou matar.

L'empire de la loi doit arriver au coeur du Pará.
Qui a tué, mon amour, devra payer.
Et bien plus encore celui qui a commandité.

Merci beaucoup Silvio pour la partie de traduction concernant le texte dédié à Carlos Marighella. Merci pour les liens, un de ce jours je vais m'y intéresser.

De façon plus anecdotique, Caetano Veloso faisait aujourd'hui, la une supérieure du journal gratuit Destak avec un article de presque une demi page à intérieur.
"Caetano Veloso manda "Aquele abraço""
Je partage avec la journaliste Catarina Cicarelli son goût pour "Gayana" qui clôture donc l'album.

zanzibar a écrit:

Je partage avec la journaliste Catarina Cicarelli son goût pour "Gayana" qui clôture donc l'album.

Et finalement je crois que moi aussi, après avoir tout bien écouté, j'aime beaucoup "Gayana"

"Eu amo muito você, eu amo muito você..."

Nelly

Je vois bien que cette chanson est pleine de clés en tt genre, qqun pourrait-il/elle m’aider à les comprendre?

“O bruxo de Juazeiro” Bon OK ça c’est João Gilberto
“Rio São Francisco” qui passe a Juazeiro, non?

"e tanto faz se o bardo judeu romântico de Minesota," Bob Dylan? (qui avait/a ? une ferme et un studio d'enregistrement ds le Minnesota)

« homem cruel destruidor, de brilho intenso, monumental,
deu ao poeta, velho profeta, a chave da casa
de munição.”
Là je ne comprends pas à quoi il fait allusion

...à suivre si vous le voulez bien!
Nelly


A Bossa Nova É Foda
Caetano Veloso
O bruxo de Juazeiro numa caverna do louro francês
(quem terá tido essa fazenda de areais?)
fitas-cassete, uma ergométrica, uns restos de rabada.
Lá fora o mundo ainda se torce para encarar a equação
pura-invenção/dança-da-moda.
A bossa nova é foda.
O magno instrumento grego antigo
diz que quando chegares aqui
que é um dom que muito homem não tem
que é influência do jazz
e tanto faz se o bardo judeu
romântico de Minesota,
porqueiro Eumeu
o reconhece de volta a Ítaca:
a nossa vida nunca mais será igual
Samba-de-roda, neo-carnaval, Rio São Francisco,
Rio de Janeiro,
canavial.
A bossa nova é foda.
O tom de tudo
comanda as ondas
do mar,
ondas sonoras
com que colore no espacial.
homem cruel
destruidor, de brilho intenso, monumental,
deu ao poeta, velho profeta,
a chave da casa
de munição.
O velho transformou o mito
das raças tristes
Em Minotauros, Junior Cigano,
em José Aldo, Lyoto Machida,
Vítor Belfort, Anderson Silva
e a coisa toda:
a bossa nova é foda

Nelly a écrit:

Je vois bien que cette chanson est pleine de clés en tt genre, qqun pourrait-il/elle m’aider à les comprendre?

...
O velho transformou o mito
das raças tristes
Em Minotauros, Junior Cigano,
em José Aldo, Lyoto Machida,
Vítor Belfort, Anderson Silva
e a coisa toda:
a bossa nova é foda

Hé bé, bon courage Nelly !

Déjà pour comprendre le lien entre Levi Strauss, la bossa nova et les stars actuelles d 'Ultimate Fighting

Oh, moi je laisse tomber direct, trop compliqué pour ma petite tête et pour mon portugais d'éternelle débutante....
Et puis, c'est le charme principal de la poésie, le sens est troué, suspendu, équivoque ou opaque.

javadd a écrit:

Oh, moi je laisse tomber direct, trop compliqué pour ma petite tête et pour mon portugais d'éternelle débutante....
Et puis, c'est le charme principal de la poésie, le sens est troué, suspendu, équivoque ou opaque.

T'as tout compris, Javadd, moi non plus je ne veux pas comprendre la magie de tous les trous, juste un peu ENTRE les trous

Nelly

charles a écrit:

Hé bé, bon courage Nelly !

Tu l'as dit Charly !

Cadê Silvio?

Caetano Veloso
est un littéraire
un érudit aussi
profond connaisseur
des racines historiques
de son pays
et des cultures brésiliennes
observateur attentif
aussi
des évolutions
en cours.



Pour essayer de comprendre
le passage
O velho transformou o mito
das raças tristes
Em Minotauros, Junior Cigano,
em José Aldo, Lyoto Machida,
Vítor Belfort, Anderson Silva
e a coisa toda:
a bossa nova é foda
qui est un raccourci fulgurant
et un déni des schémas pré-établis
il faut faire appel à quelques références
extra-textuelles
voire contextuelles


Tout d'abord le mythe des trois races
dans la théorie du métissage
symbole du Brésil
(pour aller TRES vite:
trois peuples fondateurs les Indiens, les Noirs et les Blancs
qui dans la douleur, le feu et le sang
par leurs mélanges fondent un nouveau peuple
Brésilien
unique au monde, non fini, non accompli, non stabilisé,
en évolution permanente et sans comparaison avec d'autres
expériences du même type en raison de la taille de la population
dont la couleur même n'a pas fini d'évoluer
une nouvelle Rome,
selon la belle expression de Darcy Ribeiro)



Monumento às Três Raças - Goiânia
Monument aux Trois Races à Goiânia

Ensuite le mythe des trois races tristes
par exemple
dans le célèbre poème d'Olavo Bilac
sur la musique brésilienne
qui définit l'essence de cette dernière
comme
Lascive douleur, baiser de trois saudades,
Fleur amoureuse de trois races tristes

Bon, c'était bien avant
la samba et la bossa nova!



Música brasileira

Tens, às vezes, o fogo soberano
Do amor: encerras na cadência, acesa
Em requebros e encantos de impureza,
Todo o feitiço do pecado humano.

Mas, sobre essa volúpia, erra a tristeza
Dos desertos, das matas e do oceano:
Bárbara poracé, banzo africano,
E soluços de trova portuguesa.

És samba e jongo, xiba e fado, cujos
Acordes são desejos e orfandades
De selvagens, cativos e marujos:

E em nostalgias e paixões consistes,
Lasciva dor, beijo de três saudades,
Flor amorosa de três raças tristes.

Olavo Bilac
(1865-1918)

Vous me suivez sans trop de difficulté jusque-là?


Mais arrive le Velho (il vient de fêter ses 81 ans)
considéré comme le principal créateur de la bossa nova
en la personne de João Gilberto
qui va faire péter tous ces mythes en éclat
par le miracle de la bossa nova
sachant que le Vieux en question
apprécie aussi, paraît-il, les combats de boxe
qu'il regarde à la TV.

Vous me suivez toujours?


Donc coup d'accélérateur
entrée dans la modernité
nouveau mythe fondateur
nouvelle fusion
celle de la Bossa
que rien ne permettait de prévoir
et de fil en aiguille
l'apparition
des champions Brésiliens
du combat libre
(le MMA ou Ultimate Fighting)
- nouveaux champions d'une "boxe" ultra contemporaine -
Bossa nova du sport de combat
qui sur les traces
de la famille Gracie
et du Jiu Jitsu Brésilien
lui même fusion et réappropriation
d'un art martial asiatique
fondent un nouveau mythe
populaire et consensuel
que Caetano n'appréciait
pas plus que cela
jusqu'à ce que ses enfants
lui fassent découvrir
leurs idoles:
Minautoro
Junior Cigano,
em José Aldo, Lyoto Machida,
Vítor Belfort, Anderson Silva
e a coisa toda:



Minautoro e Anderson Silva



Anderson Silva e Caetano Veloso


Bon, ce que j'en dis
n'engage que moi...


car il est vrai que
a bossa nova é foda
Putain de bossa nova!

Cadê l'émoticon qui fait BRAVO!

BRAVO Silvio, BRAVO-BRAVO-BRAVO !!!!!!

Merci pour les nouvelles idoles des nouveaux sports de combat, je n'y aurais jamais pensé du tout (je n'en avais jamais entendu parler en fait et je ne serais jamais allée m'aventurer ds ces terres étranges).

Mais alors "o bruxo de Juazeiro" c'est bien João Gilberto? (o velho)
et "o bardo judeo romântico de Minesota" c'est bien Dylan?

mais la suite je ne comprends pas (je comprends les mots)

"porqueiro Eumeu o reconhece de volta a Ítaca:
a nossa vida nunca mais será igual"

il y a certainement une logique interne pour ce qui est des références a la mythologie grecque, mais j'avoue que comme Javadd, je vais laisser glisser. Je vais penser "stream of consciousness" da merda e basta cosi!!!!!

Merci, qui, merci Silvio (qd même!)

Nelly

Pauvre Caê, lui qui détestait le sport, il a été obligé de s'y mettre à cause de ses gosses....Pareil pour la religion, mais là, fort heureusement personne ne l'a embrigadé chez les Evangélistes qui sont sur-présents au Brésil Dur, dur la vie de parent !
Merci Silvio pour toutes ces clés de lecture.

Silvio, tu es génial !!!

Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris toutes les explications de Silvio, ce qui m'impressionne d'autant plus d'ailleurs.
Si jamais j'ai compris, je suis affolé par les nouvelles "valeurs" du Brésil même auprès de ceux que l'on pourrait croire épargnés par ce "sport".
Mais les jeux du cirque ne sont pas une nouveauté. La différence étant que l'Empereur les offrait pour maintenir son pouvoir. Maintenant le spectateur paye et si le sportif résiste aux coups, il peut finir par habiter auprès des "stars" de la musique avec l'argent amassé.

zanzibar a écrit:

Maintenant le spectateur paye et si le sportif résiste aux coups, il peut finir par habiter auprès des "stars" de la musique avec l'argent amassé.

"E pur si muove !"
Et pourtant elle tourne!
Galilée,1633, devant l'Inquisition.




Il n'y a pas de plus douce violence
que celle qu'on s'impose à soi-même
avec
ou sans
argent
"amassé".

Et moi qui en ai amassé
quelque peu
à force de pédaler
- crois-moi -
rien n'est gagné d'avance
il faut se lever tôt chaque matin
et turbiner comme un écureuil
pour gagner sa pitance
avant de pouvoir danser avec les "stars"!




Marisa Monte e Anderson Silva
https://www.youtube.com/watch?v=t7M89YJAPhM

javadd a écrit:

...fort heureusement personne ne l'a embrigadé chez les Evangélistes qui sont sur-présents au Brésil
Dur, dur la vie de parent !

Tellement d'accord avec toi
Javadd
sur ce coup-là!

Les Evangélistes
au Brésil
sont une malédiction
bien pire que les 10 plaies
d'Egypte
et je préfère n'en dire pas plus
plutôt que d'avoir à endurer
leur intolérance sectaire!



Quant à la douleur d'être parent
je la cicatrise à petit feu
prêt à endurer
d'avance
ce qui m'attend
forcément
en me réjouissant
pourtant
chaque jour
d'être le père
de deux adorables
jeunes filles
que j'aime
aujourd'hui
plus qu'hier
et bien moins
que demain.

clip de "Abraçaco"

A partir de photos envoyées à Caetano par ses fans, oui, bon , c'est mignon...

Nelly

Merci Nelly, j'adore voir une telle diversité par ces images.
Je n'y avais pas pensé mais c'est peut être ce qui m'aura le plus marqué à Sao Paulo. Ce geste si spontané des gens qui se rencontrent.
Comme français je dirais que je copie maladroitement. Mais comme me disent certains brésiliens, nos bises les déconcertent parfois.

Hé au fait !!
"Abraçaço" est sorti ce lundi en France !

Et c'est un régal de le réécouter avec les belles photos du livret sous la main !
A part une ou deux réserves, et encore, je suis émerveillé par ce disque et cet artiste dont la source est inépuisable !

Il fait aussi la couv du magazine Vibrations ( avec un article d'Olivier Cathus du site Afro-sambas ) !

Ah ben je l'ai en mp3 depuis plusieurs mois, moi !

Je suis content de cet opus venu faire trilogie avec les deux précédents qui sont mes préférés de Caetano (en tant qu'albums : tous ses anciens sont trop inégaux, sauf quelques lives bien sûr, et celui avec London London)

Cependant il contient aussi plusieurs mauvaises chansons (ah ben justement mon player a décidé tout seul de me mettre Parabéns) aux côtés de Quero Ser Justo et Um comunista...

Sinon la photo de cette couve du Vibrations m'accroche bien plus que celle de la pochette, qui m'avait inspiré un sentiment de rejet au premier abord.

Je l'ai acheté, il y a un mois en import chez Gibert. En réalité, je ne l'écoute pas beaucoup pour un Caeteno, s'entend, c'est-à-dire que je j'écoute pas mal quand même, hein...
Pour la plupart, je trouve les chansons bien écrites et intéressantes. Je trouve aussi qu'il chante bien même s'il a pas mal perdu ces derniers temps : l'âge ou trop de tournées ?

Bref c'est bon disque, mais il manque de magie et de surprise dans les arrangements. J'avoue en avoir plus que marre des solos de guitare interminables de Pedro Sá et de la batterie, style batterie de cuisine de Callado. Vivement le retour des percussionnistes et d'autres musiciens moins enfermés dans un style musical que je trouve lassant et qui rétrécit considérablement l'univers de Caetano. Morelembaum avait les idées plus larges même si son son est immédiatement identifiable. Cela ne veut pas dire que je souhaite le retour de Morelembaum, mais un peu d'air frais va faire du bien après presque 6 ou 7 ans passés avec la banda Cê. Cela dit, je préfère encore ça aux albums duo avec des gros lourdings genre Maria Gadù ou Roberto Carlos.

Pour finir sur une note plus positive, écoutez "Recanto", l'album écrit pour Gal Costa, c'est une vraie réussite. D'autre part, "Abraçaço" même si ce n'est pas le meilleur du meilleur est quand même un bon album et le song writing est encore exceptionnel de créativité.

javadd a écrit:

Borelembaum avait les idées plus larges même si son son est immédiatement identifiable. Cela ne veut pas dire que je souhaite le retour de Borelembaum,

Borelembaun ? Moi j'étais persuadé que c'était Morelenbaum. Comme on peut se tromper...

bon, j'ai corrigé... Va savoir pourquoi j'ai écrit ça et 2 fois encore.... Heureusement, que l'ami Cristo veille....