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 Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)

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Dominique
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeDim 23 Déc - 14:06

Fichtre, quel boulot ! Domi tu m'impressionnes !! Shocked Shocked Shocked
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Dominique
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Dominique


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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeDim 23 Déc - 17:17

.../...

Pourquoi cette combinaison de couleurs inusitée ? De la bouche d’un professeur ou d’un oncle, il ne s’en souvient plus, il entendait dire durant son enfance que « Blue and green should never be seen » - Pois sim ! (mais oui ! NDT : ce qui fait la rime parfaite en portugais) répondit-il en une sorte de défit au moment de choisir les couleurs de son équipe de Football-puces, dans les années 50. Avec elle, il a disputé des centaines de parties (une d’elles contre l’humoriste Chico Anysio, fut arbitrée par Vinicius de Moraes), jusqu’à ce que la chambre-stade où se déroulaient ces affrontements, dans son appartement de Lagoa Rodrigo de Freitas, ne doive être libérée pour recevoir la fille Hélena, née en décembre 1970.

Chez Chico le foot-puce vient de là-bas, du fin fond de l’enfance, du temps où il habitait une maison N° 1625 de la rue Haddock Lobo, quartier Jardims. Ce fut la première adresse de la famille à Sao Paulo, bien à coté d’où, en 1994, s’ouvrirait le restaurant Gero. Derrière la maison se trouvait un terrain où parfois s’installait un cirque – d’où, jour mémorable, s’échappa un éléphant qui entra dans le jardin des Buarque de Hollanda.
Elle avait d’ailleurs quelque chose d’une ville de province, cette partie de Sao Paulo où plus tard le mètre carré vaudrait une fortune. La rue à coté, appelée Taiarana, rebaptisée plus tard Vittorio Fasano, ne faisant qu’un pâté de maison, était un chemin de terre et servait de stade aux gamins du quartier. Les matchs improvisés pouvaient même se produire dans la rue Haddock Lobo, bien plus mouvementée, et il était pour cela nécessaire d’avertir les joueurs lorsqu’une automobile s’approchait :
- Fait gaffe à la mort !

Chico disputait contre lui-même d’innombrables championnats de Football-puce, dont il commentait les matchs en imitant les locuteurs sportifs de la radio et qui invariablement terminaient par le club du Fluminense levant le trophée. A partir d’un certain moment son équipe de plastique devint le Politheama – nom qui, inspiré par une vieille salle de cinéma lui semblait parfait, d’autant plus qu’en grec (il a regardé le dictionnaire) cela voulait dire « Très spectaculaire ». Elle avait même un hymne :

Polithéama, Polithéama
Le peuple clame
Ton nom.
Polithéama, Polithéama
Tu cultives le mythe
De ne pas perdre.
Ton étendard
Trémule toujours d’émotion
Et arbore l’auréole
D’un club toujours champion.
Auguste et mâle
Notre équipe vert-indigo
Donne des gloires
Des victoires
A la saga de mon Brésil !


.../...
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Dominique
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeMer 2 Jan - 1:47


.../...
Le nom et l’hymne furent réutilisés lorsque, en 1978, il créa sa propre équipe de football, dans laquelle devaient briller, entre autres noms moins connus des supporters brésiliens, les talents également footballistiques de Vinicius Cantuaria et Carlinhos Vergueiro – et, sans aucun favoritisme, celui du propriétaire du ballon, l’avant centre Chico Buarque de Hollanda, qui s’enorgueillie de savoir marquer du gauche et du droit. « Mais les buts olympiques je les fais surtout du droit », précise-t-il, dans l’espoir qu’on le prenne au sérieux.

Avant centre appliqué, c’est vrai, bien qu’un tantinet malheureux dans ses tirs au but – si l’on en juge par les cinq ou six fois où il a foulé la pelouse du Maracana en levé de rideau de matchs professionnels, l’un deux lors des adieux historiques de Garrincha : s’il n’avait tenu qu’à Chico, le résultat, en ces occasions serait resté vierge. Ce qui est bien loin d’embarrasser le N° 9 du Politheama : « Je suis plus du genre à préparer le but », explique-t-il, »un avant centre reculé ». Même comme ça, il ne vit aucun problème à déclarer à Pelé, quand le Roi vint voir le Petit Terrain en septembre 2005, et qu’il lui demanda combien de buts il avait déjà marqué.
- Après le millième, je n’ai plus compté….

Ce jour là Pelé n’a pas chaussé les crampons, à la différence de grands champions du football brésilien qui passèrent par là. Le Docteur Socrates, par exemple, selon Chico n’a quitté le Flamengo que pour finir sa carrière au Polithéama dans les années 1980. « C’est ici qu’il a finit sa carrière », dit-il. « Et il a brillé, il y a eu une année où il a été champion. » A cette époque là des professionnels fameux venaient suer sur le Petit Terrain, et nombreux sont ceux qui, comme le Docteur Socrates, laissèrent leurs empreintes prestigieuses sur le « Trottoir de la gloire », Zizinho, Zico, Junior, Leandro, Romario, Pelé - et même le chanteur jamaïcain Bob Marley, qui marcha sur le ciment frais en mars 1980.

En juin 1957, quand la famille déménagea de la rue Henrique Schaumann pour la petite et tranquille rue Buri, Chico se trouva alors à peu de pâtés de maison du Pacaembu, le plus grand stade de Sao Paulo à l’époque. Quelques mois plus tard, c’est là qu’il alla épier l’équipe brésilienne qui se préparait pour la Coupe du Monde en Suède – et, ayant 12 ans, il était tellement enchanté en voyant les champions au maillot ‘Canarinho’ qu’il finit par se faire chambrer par l’un d’eux, l’attaquant toujours mutin Almir :
- Et alors, l’imbécile !

Avant même d’en être voisin, il avait déjà connu le Paceambu durant d’innombrables après midi sportives. Il y était, par exemple, lorsque le 28 juillet 1950, sous les sifflets, le Brésil fit match nul avec la Suisse 2 à 2 ( Buts de Alfredo et Baltazar, égalisation par l’ailier gauche Faton pour les visiteurs) , durant cette Coupe du Monde que le Brésil allait perdre contre l’Uruguay au Maracana. Chico avait six ans et, en voyant entrer sur le terrain l’équipe adverse avec son maillot rouge et une grande croix blanche sur la poitrine, il lui vint à l’esprit qu’ils étaient des sauveteurs, comme ceux qu’il voyait sur la plage durant ses vacances, invariablement ‘Cariocas’.

La Coupe suivante, en 1954, disputée en Suisse et gagnée par l’Allemagne, il la vit à la télévision à Rome, où il habitait alors, étirant le cou au milieu de la foule agglutinée devant la vitrine d’un magasin d’électrodomestiques. A cette époque là il pensait déjà que la crème du football se jouait à l’avant et que les arrières et les gardiens de but, pour aussi brillants qu’ils soient, gênaient le spectacle.
.../...


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Dominique
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeJeu 3 Jan - 0:01

…/…

Il fut certainement déçu par l’exhibition, à vite oublier, de la sélection brésilienne, encore vierge en titres et éliminée par la Hollande en quart de finale, mais comme le monde entier il fut enchanté par les artistes de la sélection hongroise, seulement vaincue par le football abominable des allemands, qui gagnèrent la coupe Jules Rimet par 3 à 2 (après avoir été vaincus par ces mêmes hongrois 8 à 3 lors d’une phase préliminaire).
Les as de l’équipe magyar allaient prêter leurs noms à l’équipe de football puce, et il n’est pas faux de prétendre que c’est là, durant la coupe de 1954, que sous les yeux d’un gamin de dix ans, commença à naître le scénario de Budapest, le roman qui serait écrit des dizaines d’années plus tard. Dans ce roman, les joueurs de cette équipe légendaire allaient baptiser non seulement des personnages, plusieurs d’entre eux écrivains, mais aussi des lieux, dans une sorte de jeu où il se plait à permuter noms et prénoms de la vie réelle.

Le milieu de terrain Sandor Kocsis, butteur de la compétition avec onze buts, est honoré dans la personne de « l’éminent poète » Kocsis Ferenc, le « grand interprète de l’âme hongroise ».

L’autre milieu de terrain, l’extraordinaire Ferenc Puskas (quatre buts durant la Coupe de 1954), est sélectionné pour devenir Puskas Sandor, l’écrivain vénéré du Club des Belles Lettres. L’avant centre Hidegkuti se devine sous les traits du conteur Hidegkuti Istvan, auteur consacré du Collier de pruneaux. Le gardien de but Grosics se cache sous l’identité représentée par un agent homonyme, de la Police Fédérale, - et ainsi de suite, dans une histoire où, pour rendre hommage aux craques magyars, on parcourt l’avenue Bozsik, on déambule dans la rue Toth, on s’arrête place Czibor, on va à l’hôtel Zakarias….

Avec les années Chico devint de moins en moins assidu dans les stades, moins envoûté par le football télévisé et les discussions sur le foot. Ce qu’il aime avant tout c’est de jouer au ballon, beaucoup plus que d’y assister, et même sa passion pour le Fluminense, héritée de Madame Maria Amelia, ne le consomme pas comme avant. « Maintenant je suis comme les femmes », déclare-t-il devenu cinquantenaire, « je n’aime que la Coupe du Monde ».
Celle de 1998, que le Brésil a perdue pour les amphitryons au Stade de France, à Paris, l’a vue du début à la fin en qualité de commentateur des journaux O Globo et O Estado de Sao Paulo – et, bien plus heureux devant le clavier de son Lap Top que ne l’a été cette sélection sur la pelouse, servant à ses lecteurs des perles comme celle-ci : «le drible du corps c’est quand le corps a la présence d’esprit ».

Au contraire de ce qui se passe généralement, le goût pour le football ne lui vint pas du père. Le professeur Sergio vivait bien loin de cette obsession nationale et, pour plaisanter, affirma même un jour être un supporter du Bonsucesso – club carioca dont la plus grande gloire depuis sa création, en 1913, se résume à une deuxième place acquise lors de l’obscure Ligue des Sports de Terrains, une des deux ligues qui existaient dans la ville dans les lointaines années 1924.

De son coté Maria Amélia, à ce sujet là, était l’opposée du mari, au point de connaître par coeur la composition de l’équipe du Fluminense qui se sacra Tri champion carioca en 1919. Elle fut supporter du Fluminense jusqu’au moment où elle fut séduite par les diableries de Mané Garrincha – mais même pour ça n’alla pas changer pour le Botafogo. Elle devint seulement une « Garrinchiste ». Ce 2 à 2 contre la Suisse fut l’un des nombreux matches que Chico vit à ses côtés dans les fauteuils réservés du Pacaembu – le vieux, beau stade du Pacaembu, bijou de style Art Déco, avec ses grilles en fer forgé surmontées par une élégante coquille acoustique que plus tard le maire Paulo Maluf eut la malencontreuse idée de remplacer par une montée de gradins disgracieux qu’on appela « le Toboggan ».
Avec une telle mère, ne soyons pas surpris si Chico devint irrémédiablement « Tricolor ». De l’équipe appelée « le Sao Paulo » aussi, également tricolore, où il suffit de changer le vert par le noir pour adopter ce club du stade Morumbi.


Son idole, cependant, revêtait le maillot noir et blanc du Santos, et ne s’appelait pas Pelé : C’était, et continue à être, Paulo Cesar de Araujo, l’élégant avant centre appelé Pagao, qui brilla durant la moitié de la décade de 50 et que Chico, sidéré, se mit à imiter en tout – dans l’amour pour le maillot 9, dans cette espèce de lobe fait avec le talon, par derrière, et même dans la façon de laisser les bras pendants, moitié ballants, lorsqu’il n’avait pas le ballon. L’influence lui revint encore déjà adulte : Tant que les match du Politheama eurent leurs feuilles de match, c’était sous le nom de Pagao que Chico signait le registre. Il n’y eut qu’une fois où il ne revêtit pas le maillot 9, mais c’était parce que le propre Pagao se trouvait sur le terrain – le 24 novembre 1984, durant l’enregistrement d’une émission spéciale de la chaîne Bandeirantes.
Le directeur du programme, Roberto de Oliveira, alla chercher l’attaquant vétéran du Santos et en fit la surprise à Chico. « J’étais très ému » se souvient le compositeur, « Je suis devenu comme un gamin ». Ce jour là, sur le Petit Terrain, l’avant centre du Politheama laissa à Pagao le maillot N° 9, qu'ensuite il ramena chez lui, où il le conserve pour toujours, avec sueur et autographe comme il se doit.

…/…


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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeJeu 3 Jan - 0:13

Inutile de vous préciser qu’au Brésil, on adore se charrier quand on n’est pas supporter des mêmes équipes.
A l’occasion de la naissance de l’une des filles de Chico, son ami Ciro Monteiro, (chanteur et compositeur : 28 mai 1913 — 13 juin de 1973), supporter fanatique du Flamengo, l’archi ennemi dont le maillot est rouge et noir, fit courir le bruit qu’il allait lui offrir un maillot du Flamengo.
« Mais il n’a jamais trouvé quelqu’un qui osasse en être le porteur » affirme Chico. En tous cas sa réponse vint sous la forme d’une chanson :

A Ciro Monteiro

Ilmo Sr. Ciro Monteiro Ou Receita Pra Virar Casaca De Neném
A l’illustre Monsieur Ciro Monteiro, ou comment faire un bébé retourner sa veste
Chico Buarque 1970

Ami Ciro,
Beaucoup je t'admire,
Mon chapeau je te tire.

Très humblement,
Ma petite,
Remercie le maillot,
Que tu lui donnas à ta guise
En gentil cadeau.

Mon cher compère :
Un tissus rouge et noir,
C’est cadeau de grec,
Non d’un bon frère.
Nous autres, séparés
Par les tribunes,
Sommes restés si proches
Dans la désolation.

Vieil ami !
J’apprécie ton conseil ;
Et j’ai aimé ton vermeil
Qui est de tant d’ardeur.
Mais j’ai désiré le vert
Que je veux si vert
C’est bon pour qui aura
A tant souffrir.

J’ai peint ton noir de blanc
Et pour être complet
Le jeu des couleurs
Je l’ai fait sur la poitrine en rayé.
Et c’est ainsi que naquis
Une autre « Tricolore »

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Dominique
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeJeu 3 Jan - 22:26

../...

A la passion pour le football, du temps du Collège Santa Cruz, s’ajouta une autre, juste un petit peu moins intense – celle pour la littérature. Dans le Verbamidas, le petit journal du collège, dont il avait choisi le nom, Chico publiait des chroniques. Il adorait ce genre d’exercice et imaginait qu’un jour il aurait sa page dans la revue Manchete, où toutes les semaines brillaient Rubem Braga, Fernando Sabino, Paulo Mendes Campos. Son préféré était le « Sabia de la chronique », qui s’auto dénommait « Vieux Braga ».

NDR D’après certains sites le sabia serait proche de la grive

Stimulé par le père, Chico traversa avec la détermination d’un termite toute une étagère de volumes en papier-bible de la collection française la Pléiade. Il alla d’Honoré de Balzac à Albert Camus, en passant par Stendhal, Gustave Flaubert, André Gide, Jean Paul Sartre et Louis Ferdinand Céline. Il adorait Céline. Il discutait avec l’ami Eduardo Schultz, surnommé « l’Allemand », sur qui était le plus grand d’entre les russes, si Tolstoï ou Dostoïevski, son préféré. Vers les vingt, vingt et un ans, il se mit en tête qu’il allait lire les deux dans l’original et en fut même à fréquenter comme auditeur libre les cours de langue et littérature russe du professeur Boris Schnaiderman, à la Faculté de Philosophie, Sciences et Lettres de l’Université de Sao Paulo, mais sans aller au-delà de l'alphabet cyrillique.

C’est à cette époque là qu’il découvrit Kafka. Et à un certain moment, quand un collègue de la Faculté d’Architecture le critiqua pour ne lire que des étrangers, il plongea dans les auteurs brésiliens. Son modèle d’écrivain passa alors à être Guimaraes Rosa, dont la capacité d’invention verbale le fascina immédiatement. Si bien que, en composant « Pedro Pedreiro », il créa l’adjectif « penseiro » - (NDT quelque chose comme "pensier, qui pense") - qui lui sembla très roséen.
Il aimait à être vu un livre à la main – jusqu’à ce qu’il se fasse sermonner par un de ses professeurs, Flavio Motta, pour se balader dans la faculté avec une précieuse première édition autographiée du Macunaima de Mario de Andrade, venue de la bibliothèque familiale.

Entre livres et football, vers les quatorze ans Chico vécut une expérience qui préoccupa ses parents et qui, si elle n’avait pas été interrompue à temps, aurait pu le conduire vers un autre chemin.
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeVen 4 Jan - 1:25

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Il était en quatrième, au Santa Cruz, en 1958, quand sans s’en rendre compte, il embarqua dans un mouvement religieux, l’Ultramontanisme, qui serait l’un des embryons de la FTP, l’organisation fasciste Famille -
Travail - Propriété. Il n’était pas tout seul : La plus grande partie de la classe – seize gamins sur vingt cinq – y entrèrent également, endoctrinée par un jeune professeur d’histoire, Carlos Alberto de Sa Moreira, qui agissait sans que la direction ne le sache, des pères catholiques progressistes.

Ce n’était pas, comme viendrait à l’être la FTP, une organisation à objectifs politiques. Les Ultramontains vivaient ancrés dans le Moyen Age et annonçaient pour bientôt le Jugement Dernier, quand l’épée justicière des anges du Seigneur n’épargnerait que quelques élus. Pour mériter leur entrée dans cette maigre élite de survivants, Chico et ses amis se mirent à communier frénétiquement. Ils décortiquaient la prose quelque peu rance du journal Catolicismo et s’abreuvaient des pensées de saint Louis Marie Grignion de Monfort, patron des Ultramontains.

Leur ferveur était telle, se souvient l’un d’eux, Joaquim de Alcantara Machado, qu’à un certain moment les jeunes fidèles acceptèrent le sacrifice suprême : renoncer au football, remplacé par la Peteca – qui selon le professeur Carlos Alberto, était un sport plus compatible avec l’esprit médiéval des Ultramontains. (NDT – Pour le jeu de Peteca, imaginez un terrain et les filets du Volley-ball. Au lieu d’un ballon, on s’envoie un volant, du type Badminton, mais fait de cuir et de plumes qu’on tape avec la paume de la main-). Ils lutèrent pour ne pas céder à des tentations encore plus impérieuses, à en juger par ce que fit Joaquim une fois : Il refusa de s’asseoir à une table où se trouvait, indécence !, une femme aux épaules nues. Durant les vacances de juillet 1959, passées dans la ferme des Alcatara Machado, les deux amis entreprenaient des marches de huit kilomètres, véritables pèlerinages, pour assister à la messe – tous les jours.

Affolés, les parents trouvèrent qu’une telle sainteté dépassait les bornes. Ceux de Chico furent le chercher pour l’envoyer dans un internat à Cataguases, Minas Gerais, alors que Joaquim était exilé dans un autre établissement à Sao Paulo. On peut deviner l’irritation qui prenait compte de Madame Maria Amelia en remplissant le registre d’inscription du fils au Collège Cataguases :

« De façon générale : Instabilité, désordre, simulation. Dans le cas présent : manque de solidarité humaine. Désintérêt pour les occupations propres à son age. »
.../...


Dernière édition par le Dim 27 Jan - 1:41, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeVen 4 Jan - 22:15

.../...
Durant ce semestre passé dans la ville de Minas, l’élève Francisco Buarque de Hollanda, sous le pseudonyme de Bananal (Plantation de Bananes), écrivit des chroniques (qu’il n’a pas conservées) pour la feuille O Pirilampo (La Luciole) et, sous le titre Choses de la vie …., pour un programme de radio, les deux du collège. Durant ses sorties du week-end, Chico tuait le temps sur la place municipale où allait voir son collègue Napoléon, avant centre du Flamenguinho, mettre des buts à l’équipe rivale l’Operario. Il jouait en compagnie d’un autre, Le Bambolé (Le Oula-up) qui monterait dans la vie devenant pilote de ligne de la Varig, et dont le nom malheureusement il ne se souvient pas.
Notons le, pour la petite histoire : C’est à Cataguases que Chico Buarque de Hollanda, gamin d’une capitale, vit passer pour la première fois une fanfare.

Quand son ami Joaquim et lui se retrouvèrent au Santa Cruz, durant le second semestre, la fièvre mystique avait baissé. Mais on pouvait voir quelque chose de positif dans cette stupidité : le professeur Carlos Alberto de Sa Moreira avait appris à quelques uns - dont Chico – à conduire, roulant avec une fourgon dans les rues du quartier Alto de Pinheiros, pendant qu’il embrayait un discours sur la pensée de saint Louis Marie Grignon de Montfort.
Invité à quitter le collège, Carlos Alberto alla vivre à Paris où, quelques années plus tard, Miucha le croisa. Comme ses anciens disciples, il avait guéri du virus ultramontain, ayant d’ailleurs renoncé au célibat que l’organisation prescrivait à ses membres. Marié à une française, il avait récupéré le temps perdu et lui avait fait dix enfants. En 2005, âgé de soixante quinze ans, il travaillait toujours en tant que traducteur et interprète à la Communauté Européenne, en plus d’être photographe, ayant publié plusieurs livres.

C’est comme orateur de la promotion que Chico termina le secondaire en 1962. Son discours commençait ainsi, écrit sur des feuilles de cahier :
« Un discours de promotion se déroule habituellement comme une joyeuse comédie, où les promus se sentent importants, comme des acteurs sur une scène, illuminés par mille réflecteurs. Et l’orateur monte sur scène, déclame de vieux lieux communs, répète de vieilles flagorneries et se retire glorieusement. Tout le monde applaudit, tout le monde souri. Il est vrai que personne n’en croit un seul mot, mais ceci n’a pas d’importance. Promotion c’est promotion : L’acteur, bien ou mal, remplis son rôle et tout se passe selon l’étiquette. C’est le public qui sauve le spectacle applaudissant satisfait tout ce qu’on lui présente, dans une démonstration collective de bonne volonté et de tolérance. Habituellement il se comporte bien, et ne jette que rarement des tomates à l’orateur. »

.../...


Dernière édition par le Mer 30 Jan - 1:03, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeSam 5 Jan - 1:39

.../...
Du temps du Santa Cruz encore, Chico vécu des expériences ayant un fond religieux et plus importantes que celle des ultramontains. Se liant à un mouvement appelé l’Organisation de l’Aide Fraternelle, il participa quelques fois à des expéditions nocturnes dans des endroits comme la gare routière Estaçao da Luz, au centre de Sao Paulo, sous les ordres de l'un des professeurs du collège, le père André. Il apportait des couvertures aux miséreux qui dormaient sur les trottoirs, et fut frappé par la réaction de ces personnes, qui fuyaient comme des animaux peureux à l’approche de ceux qui venaient les aider. « On laissait alors les couvertures comme qui laisse une petite assiette de viande à un chat, sachant qu’après il viendrait la chercher » raconta Chico lors d’une interview.

Il n’allait pas tarder à relativiser l’efficacité de la charité dans la solution des problèmes sociaux, mas tint l’expérience comme une chose positive dans sa vie. « Il est important pour un jeune de seize ans, d’une école d’élite, d’avoir conscience de l’existence de la misère « disait-il durant la même interview. Sans ce contact, croit-il, il aurait pu devenir une personne aliénée : « Je n’ai jamais été un fils de riche », explique-t-il, » mais je vivais dans cette ambiance, avec des gamins dont le futur était de courir ou pour gagner de l’argent n’importe comment ou pour le dépenser. »

Ce qui l’a sauvé, également, d’une certaine façon, c’est l’espièglerie, la saine espièglerie avec laquelle il a toujours su tempérer les moments austères de sa vie . Son admiration pour le père André, par exemple, celui de l’ Organisation de l’Aide Fraternelle qui lui fit tant de bien n’empêcha pas qu’il commît contre lui d’amusants péchés véniels. Il s’efforçait à apprendre le portugais au saint homme, qui venant du Canada ne parlait que le français. Il l’aida ce qu’il fallait dans l’acclimatation linguistique – mais à sa façon. Quand, jouant au Volley avec les élèves, le Ministre de Dieu réussissait une manchette, ce geste consistant à raidir les bras et coller les avant-bras en se tenant les mains – le jeune professeur de portugais le complimentait :

- Beau coup de poignet, mon père !

(NDT : Vous voyez ici le traducteur fort gêné. Ceux qui connaissent la langue portugaise auront peut être compris dans la traduction de ’coup de poignet’ le mot ‘Punheta’ dont la décence seule m’empêche de donner un sens plus explicite.
De toute façon le bon père André semblait tout ignorer de cette pratique parfois nocturne, souvent solitaire)
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeMer 9 Jan - 22:45

.../...
Ce penchant pour l’espièglerie allait le conduire à cette époque là à des aventures plus ou moins innocentes, quelques unes franchement irresponsables. Par exemple, remonter à vélo (la belle bicyclette chromée qu’il avait ramenée d’Italie) l’avenue Rebouças accroché à l’arrière d’un camion – « Chocando caminhao » (choquer – se taper du camion), comme l’on disait à l’époque.

Ou des péripéties passant par d’autres types de risques. Dans ce rien à faire des vacances d’été, en décembre 1961, (NDT ça m'a toujours fait bizarre d'écrire été pour décembre) Chico et son voisin Olivier ( Qui deviendra un cadre respectable dans les finances, en plus d’un joueur de batterie compétant) trouvèrent géniale l’idée d'aller « piquer » une voiture pour faire quelques tours. Cette activité, que la loi appelle vol pour usage propre, était alors courante entre ceux qu’on appelle fils de bonne famille – Les playboys, comme disaient les journaux : En 1962 la division de vols de véhicules de Sao Paulo révéla que la plus grande partie des automobiles « piquées » dans la ville l’année précédente avait servi à de tumultueuses promenades nocturnes.

Chico et Olivier choisirent une vielle Peugeot, immatriculée 3 – 2670, qui était stationnée rue Sorocaba ( plus tard Professor Ernest Marcus), près de chez les Buarque de Hollanda. Comme le personnage du samba « Pivete » (un chenapan, un garnement), que Chico devrait composer bien des années plus tard, les deux forcèrent la portière, relièrent les fils et passèrent la première. Ce fut tellement facile que, quelques jours plus tard, ils récidivèrent. Sauf que, durant cette nuit du 29 décembre, le sieur Murilo Forjaz Mathias, propriétaire de la voiture, avait pris le soin de retirer le capuchon des bougies, pièce sans laquelle l’automobile ne se met pas en marche. La Peugeot, pour cette raison, ne démarra pas – mais par la force de la gravité elle descendit la rue Sorocaba, passa lentement devant chez Chico et arriva rue Capivari, derrière le stade du Pacaembu, où, trouvant une montée, elle s’arrêta. Les deux chauffeurs étaient là essayant de la faire marcher lorsque passa une voiture de la patrouille R2.

Pris pour les comparses d’une bande de voleurs professionnels (« les Crabes », comme on disait) , ils commencèrent à prendre des coups à l’instant même. On leur mit ensuite les menottes. La distribution continua dans le panier à salade et ne se termina qu’au commissariat , rue Brigadeiro Tobias. « Ah, ce sont les voleurs ! » grogna le propriétaire de la voiture, quand on lui montra Chico et Olivier. Par chance ils étaient mineurs – dix sept et seize ans respectivement – mais pour le prouver ils durent jurer la main sur la bible, littéralement. Ils furent alors envoyés à la section pour enfants, où ils passèrent la nuit en compagnie d’un gamin qui, lui, avait « piqué » un cheval. Enregistré sous le numéro R5950, Chico fut photographié de face et de profil pour être fiché à la police – deux photos qui plus de trente ans après, allaient non seulement composer la pochette de Paratodos, en 1993, comme allaient lui inspirer, sur le même disque, la chanson « A foto da capa » (La photo de la pochette)
.../...


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Dominique
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeMer 9 Jan - 22:45

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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeJeu 10 Jan - 0:30


Pour celle-ci j'ai pris quelques libertés....

A Foto da Capa

La Photo de Couverture

La photo de l’artiste encore jeunot
N’augure rien, candide peinture
C’est la figure du filou qui frimait
Une photo qui ne sera pas couverture
Une pose pour l’appareil si dure
Dont le cadre tout le lyrisme rognait

Elle était avare la lumière de ce cachot
Du talent le soupirail se moquait
Et le poète que toujours il voyait
Clairement n’envisageait aucun futur

Il voyait le flic sinistre qui grognait
Et le photographe devant tirant le portrait
Une photo qui n’était pas pour la couverture
C’était un simple de face, le coté obscur
La photo de l’effroi quand on sait
qu’on va offrir sa gueule à cogner
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeJeu 10 Jan - 0:52

Je la rajoute demain à la liste ! Wink merci Domi...
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tao
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeJeu 10 Jan - 15:54

Dominique,

En m'excusant de ma voix "de taquara rachada", je me suis permis de chanter ta jolie version de "A foto da capa":

la_photo_de_couverture.mp3 - 1.99MB

Tao
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeJeu 10 Jan - 21:28


C'est GENIAL Tao !! Très bien, très bon !

Tu sais, j'ai fait les petites modifications en pensant justement à l'un de tes messages...

Je me suis dit : Il faut que ça rime !

Chapeau pour ton talent et ta voix n'est pas du tout "de taquara rachada".


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javadd
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeJeu 10 Jan - 22:18

Bravo Tao ! j'aime beaucoup ta voix aussi.

Bravo à Dominique également.
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeVen 11 Jan - 0:07

L’épisode de la voiture me rappelle deux chansons en particulier, de celles que je considère majeures dans l’œuvre de Chico :
« O pivete » et « O meu Guri ». Il y a le Chico de la critique politique, et il y a le Chico de la critique sociale, et de cette marginalité conséquence ( et victime) des inégalités.


Je me méfie toujours de ceux qui riches et célèbres « dénoncent » ce qu’ils ne sont pas. Mais dans ces deux cas ici, c’est fait avec tellement de talent, de virtuosité et d’humour que le message passe.
En tous cas c’est mon avis.

Pour cette première chanson, Pivete, il faut comprendre que si le nom des rues de Rio ne nous disent pas grand-chose elles sonnent familières aux oreilles d’un brésilien. Ces « Gamins des rues » on les voit tout le temps, à longueur de journée, pas seulement à Rio, pas seulement au Brésil. S’il leur prend l’envie de rêver à cette fille de la haute, ils se voient en surfeur les cheveux éclaircis à la paraffine.
Mané, le fameux Mané Garrincha que Chico a bien connu en Italie comme nous le verrons plus tard, avait bien les jambes tordues, pas en arceau, à la manière d’un cavalier, mais par une sorte d’aberration de la nature les deux étaient tordues dans le même sens.
La chanson date de l’époque de Fittipaldi mais je l’ai entendue parfois avec Airton à la place de Emerson.
http://fr.youtube.com/watch?v=m1Azbsfsjgo

O Pivete
Le gamin des rues
Francis Hime et Chico Buarque -


Au feux rouge
Il vend des chewing-gum
Passe la peau de chamois
Et s’appelle Pelé


Il se pointe à la fenêtre
Il brigue un pourboire
Vous menace d'un canif
Et même….


Traverse la rue Carioca, olerê
Descend la Frei Caneca, olará
Se barre pour la Tijuca
Remonte le Borel
A moitié planqué
Il explore un mauvais lieu
Déniche un bout de joint.
Et un papier
Il pense à cette fille, olerê
Planche, Paraffine, olará
S’endort comme un roi
Se réveille abruti.

Il traîne dans les caniveaux
Trouve des babioles
Et a les jambes tordues
Et s’appelle Mané.

Il enfonce une portière
Met les fils à la masse
Il passe la première
Et même..

Traverse la rue Carioca olerê
Descend la Frei Caneca, olará
Se barre pour la Tijuca
En sens interdit

Flirte avec ceux de devant
Adieu les pare-chocs
Maintenant il s’appelle
Emerson.
Il monte sur le trottoir, olerê
Prend par le Recreio, olará
Se moque des freins
Et de la direction.

Au feux rouge
Il trafique des chewing-gum
Et c’est le gamin des rues
Et il pointe à la fenêtre
Vous passe la peau de chamois
Trouve une beretta
Se débrouille dans le caniveau
Et a les jambes tordues…..
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeSam 26 Jan - 12:35

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En remplissant la fiche - dont un fonctionnaire de la division des mineurs ferait parvenir, au début des années 1990, une copie dans les mains de Ana de Hollanda, sœur de Chico – le dactylo nota les lèvres « épaisses» et, pour ce qui est des yeux, pris d’un certain lyrisme, il les qualifia « ardoises».


Comme le Professeur Sergio et Madame Maria Amelia se trouvaient à Ouro Preto, pour leurs noces d’argent, c’est à l’aînée, Miucha qu’il revint de le faire sortir de cabane, en fin de journée, alors que la nouvelle pouvait être lue dans le quotidien du matin Ultima Hora sous le titre : « Des chenapans volent une voiture : En prison ». Sur la photo, les deux, avec les fameux bandeaux noirs couvrant les yeux, sont présentés comme «les racailles F. B. H. et O. J. ».

« Je pense que c’est la première fois que j’ai paru dans les journaux » croit savoir Chico. Six ans plus tard, un 29 décembre à nouveau, les journaux ouvriraient de larges espaces pour narrer la remise du titre de Citoyen Honoraire de Sao Paulo au chenapan de 1961.

La punition, pour eux, serait très dure : Jusqu’au 19 juillet, quand il aurait dix huit ans, il serait sous la tutelle des parents, sans pouvoir sortir seul le soir. Passé à la maison, le carnaval de 1962 fut pour Chico tristement inoubliable.

(En juin 2004, pour l’occasion des soixante ans de Chico, et presque quinze ans après que cette histoire ait été racontée pour la première fois, lors de la première édition de ce livre, un reporter du magasine IstoE, Francisco Alves, y rajouta ce qui manquait. Il rencontra Murillo Mathias Forjaz Filho, qui n’était pas encore né en 1961 mais qui avait entendu du père, décédé en 1988, un compte rendu amusant du double vol de la Peugeot familiale. Ce fut le jour où, à l’age de seize ans, il rentra à la maison et dit que le professeur de portugais avait demandé de faire une étude sur Chico Buarque. Murilo, le père, dans un rire, recommanda « Commence par dire qu’il a volé ma voiture ». Ce n’est pas pour cette raison que Murillo Fils, lui aussi musicien, ne se met pas dans la liste des fans du compositeur. Il a avec lui quelques divergences musicales – il préfère le rock à la MPB – et, principalement, footballistiques : supporter fanatique du Flamengo, il ne voit aucune chance de s’entendre avec qui supporte le Fluminense..)

Les rencontres frontales de l’adolescent avec la Loi ne se limitèrent pas à l’épisode Automobilo-policier. Pour trois fois encore, à cette époque là, Chico fut arrêté :

En 1963, pour célébrer l’admission au concours de la FAU, Faculté d’Architecture et d’Urbanisme de l’Université de Sao Paulo, Chico monta sur la table d’un bar à Itanhaém, littoral de Sao Paulo, et du haut, pour ponctuer un discours délirant, il se mit à jeter des œufs au hasard.

A Santos, avec une bande de copains, il fit tomber un mur.

Par ironie, le plus grand problème légal qu’il eut, à cette époque, fut justement alors qu’il était innocent. Un certain soir, traînant dans Sao Paulo avec un collègue de faculté, le Bicho Louco (l’Animal Fou), la voiture qu’ils conduisaient heurta un camion. Rien de très grave ; Chico revint à la maison le menton saignant et sa mère l’amena aux urgences de l’Hôpital des Cliniques, qui se trouvait tout près de la rue Buri. Là, lorsqu’il raconta ce qui s’était passé, l’employé décida que le cas méritait de faire un rapport.

Pour faire court : seul, car Madame Maria Amélia, tranquillisée, était déjà partie, Chico passa de mauvais moments au commissariat de Pinheiros, où on le mit tout nu ( la nuit était glaciale) et on lui fit tout type de menaces. On voulait qu’il dénonça le Bicho Louco. On ne le laissa sortir qu’après avoir promis qu’il ramènerait le collègue.

En apprenant le fait, le professeur Sérgio, indigné, se précipita au commissariat. Quand on lui dit que le responsable pour l’abus était le ‘Docteur’ machin, il commença à crier « Docteur qui ? Docteur en quoi ? »

.../...


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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeDim 27 Jan - 0:50

Quand elle est écrite par de véritables génies, la chanson est loin d’être un art mineur. Il y a la poésie, le rythme, la musique et le temps. En quelques minutes, deux ou trois, il faut faire passer le message. L’auditeur, le spectateur voit en image un condensé de vie, comme un tableau peint en quelques touches. Dans mon jardin imaginaire cette chanson est au même niveau que celle de Jacques Brel : Les Bergers.

Parfois ils nous arrivent
Avec leurs grands chapeaux
Et leur manteau de laine
Que suivent leur troupeau
Les bergers.

En quatre vers le tableau est peint, les images nous submergent, on les voit : Les bergers, leur chapeau, leur manteau, leur troupeau.

Avec Chico c’est la même chose :

Il m’a rapporté un sac à main avec tout dedans
Clef, carnet, chapelet et panier
Un foulard et un paquet de documents
Pour qu’enfin j’ai mes papiers, regardez-le :


Cette chanson de Chico, j’ai voulu la mettre à la suite de ses affaires avec la police ( il en aura d’autres et même avec les flics en France..) parce qu’elle montre d’où vient son obsession pour la marginalité. L’ironie, parfois morbide, vient peut être du père Sergio : Une brave mère, aveugle de tant d’amour filial, le trouve beau parce que « C’est son gamin »

Chico, Beth Carvalho et le Guri, que demander de mieux…

http://fr.youtube.com/watch?v=KqLkcCFKsgo

Mon gamin
O meu Guri
Chico Buarque

Quand, bon Monsieur, naquit mon rejeton
Ce n’était pas encore l’heure qu’il surgisse.
Il est déjà né avec une gueule de meurt-de-faim
Et je n’avais même pas de nom à lui donner.
Comment je l’ai couvé ? je saurai pas vous le dire
Je l’ai couvé comme ça pour qu’il me protège
Et dans son enfance un jour il m’a dit
Qu’il réussirait
Regardez-le
Regardez-le
Regardez-le, ai mon gamin, regardez-le
Regardez-le, c’est mon gamin
Et il arrive…

Il arrive en sueur et pressé du boulot
Et ramène toujours un cadeau comme pour me gêner

Tant de colliers en or, bon Monsieur
Je ne sais plus où me les mettre au cou
Il m’a rapporté un sac à main avec tout dedans
Clef, carnet, chapelet et panier
Un foulard et un paquet de documents
Pour qu’enfin j’ai mes papiers, regardez-le :
Regardez-le, ai mon gamin, regardez-le
Regardez-le, c’est mon gamin
Et il arrive…

Il arrive là haut avec un chargement
Gourmette, ciment, montre, pneu, magnéto,
Je prie pour qu'il arrive ici en haut
Cette vague d’agressions est horrible.
Moi je le console, lui il me console,
Je le prend sur les genoux pour qu’il me berce,
Tout d’un coup je me réveille, je regarde autour
Et le coquin est déjà parti travailler, regardez-le :

Regardez-le, ai mon gamin, regardez-le
Regardez-le, c’est mon gamin
Et il arrive…

Et il arrive imprimé, à la une, photo,
Un bandeau sur les yeux, une note et les initiales
Je comprend pas ces gens là, bon Monsieur,
Ils font toute une histoire.
Le gamin dans un terrain vague, on dirait qu’il sourit
Je le trouve beau, la gueule en l’air,
Depuis le début, je vous l’avais pas dit ? bon Monsieur
Qu’il disait qu’il réussirait
Regardez-le
Regardez-le
Regardez-le, ai mon gamin, regardez-le
Regardez-le, c’est mon gamin

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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeDim 27 Jan - 15:11

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La musique, à ce moment là, s’était déjà installée dans la vie de Chico. Sans préjudice des vieux sambas – Noel Rosa, Ismael Silva, Ataulfo Alves - , il aimait chanter beaucoup de choses étrangères, apprises sur la radio de Baba ou le tourne disque Telefunken Hi Fi, aux pieds fins comme c’était la mode, cadeau de la tante Cecilia, venu remplacer le petit tourne disque à piles de Miucha. Des chansons du français Jacques Brel (NDT : pardon à nos amis Belges…), par exemple, une de ses plus grandes admirations et qu’il rencontrerait rapidement des années plus tard, en 1967, dans les studios de la RGE, alors qu’il enregistrait « Carolina ». Chico imitait avec compétence les rocks gutturaux d’Elvis Presley et la reprise bégayante des Platter dans « Only you ».

C’est alors qu’arriva, avec le premier LP de Joao Gilberto, Chega de saudade, en 1959, le choc de la Bossa Nova – devant laquelle le rock tout d’un coup vint à paraître comme un recul en termes musicaux-. Comme d’autres jeunes liés à la musique – Caetano Veloso et Gilberto Gil encore à Bahia, Edu Lobo à Rio et tant d’autres futurs collègues de passion et de profession -, Chico s’aperçut qu’il y avait là quelque chose en même temps moderne et brésilien, à l’unisson des nouveautés excitantes que le pays expérimentait en cette fin de décade et qui, pour eux, étaient motif du plus légitime orgueil nationaliste : Le Cinéma Nouveau, le théâtre d’Arène (NDT : Teatro de Arena : La cène était circulaire et le public était comme dans un arène), le théâtre Oficina ( NDT : théâtre anthropophage qui assimilait les influences étrangères, bien dans la tradition du tropicalisme), Brasilia, l’architecture de Oscar Niemeyer. Ils seraient les matrices de sa génération.

Pour ce qui est de la musique, la révolution pris corps dans ce disque de Joao Gilberto, que Chico acheta et fit tourner dix, vingt fois de suite, en compagnie de l’ami Olivier Jolles, le même des ballades dans la Peugeot du voisin, les deux essayant d’apprendre le nouveau rythme à la guitare. Littéralement ils ne retournaient pas le disque, et cette insistance explique peut être le fait que, au début, les autres habitants de la rue Biru N° 35 aient un peu tordu le nez en entendant ce bahianais à la voix intimiste – même Miucha, qui quelques années plus tard, en 1962 rencontrerait Joao Gilberto à Paris, présenté par la chanteuse chilienne Violeta Parra, et se marierait avec lui - . Même après Mario Reis, cette façon dépouillée de chanter l’avait catalogué, et autour de Chico il y en avait qui fronçaient les sourcils :
- Ce mec serait pas pédé ?
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Christian
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeDim 27 Jan - 21:24

J'ai fait un peu de lecture cet après-midi, et ça devient franchement passionnant cette histoire !
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeMer 30 Jan - 1:01



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Avant même de prendre le coup pour la Bossa Nova, il commença à composer avec Olivier – sans guitare, juste en rythmant. C’est ainsi que l’ami, fils de pianiste, y prit goût et devint joueur de batterie. Chico, raconte Piia, connaissait deux ou trois positions, et se débrouillait avec elles. Comme il avait appris tout seul, il devint un joueur de guitare plein de vices ; l’un d’eux surprendrait le Disque-jockey Walter Silva lorsqu‘il le connut en 1964 : Il utilisait le pouce de la main gauche pour pincer les cordes. Bien qu’il ait éliminé ces défauts au long des années, Chico gardera la réputation d’un mauvais guitariste. Mais âgé de quinze ans il s’en inquiétait peu – tout ce qu’il voulait c’était de chanter comme Joao Gilberto, faire de la musique comme Tom Jobim et des paroles comme Vinicius de Moraes. On comprend bien pourquoi il fut extraordinairement déçu alors qu’il chantait pour un programme de la Radio Americas et que quelqu’un dans le public lui cria « Juca Chaves !». (NDT : Juca Chaves était un artiste moitié chansonnier, moitié ménestrel)

La première composition dont il se souvient s’appelait : « Chanson des yeux ». Il l’écrivit à l’age de quinze ans et la chanta deux ans plus tard, durant un spectacle au Collège Santa Cruz – Sa première présentation en public. La mémoire implacable de Miucha retint quelques bribes de paroles :

Mon Dieu, mais qu’est-ce qu’ils ont
Mes yeux
Mais qu’est ce qu’ils ont
Pour me séduire ?

Ce que l’auteur n’osait pas dire, à l’époque, c’est que les yeux en question c’étaient les siens. Il se limitait juste à en fournir une piste, les ouvrant bien grands alors qu'il chantait
.../...
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeMer 30 Jan - 1:28

Je suis vraiment impressionné par ce travail titanesque ! déjà 4 pages et tout ça en peu de temps finalement !! Shocked Shocked bravo Domi !

Punaise, comment fais-tu ? j'ai ramé comme c'est pas permis pour traduire un ridicule petit texte anglais ce matin, alors j'imagine pour une prose pareille !
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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeMer 30 Jan - 2:16

.../...
Il connaissait aussi un certain succès avec « Anjinho de papel « (Petit ange de papier) qui commençait ainsi :

Mon livre de catéchisme
Je m’en souviens encore aujourd’hui
Montrait un ange du ciel
Et moi, authentique sentimental
J’ai gardé un ange merveilleux
Dessiné sur un papier.


Cette toute première production le laissait déjà tout rouge lorsqu’il entra à la FAU, à l’âge de dix huit ans. Mais désirant être écrivain, et sachant qu’il ne pourrait pas en vivre il partit à la recherche d’une profession. Peut être dans son choix y eut-il l’influence de la proximité de Oscar Niemayer, ami de ses parents, qui en 1953 dessina ce qui pour les Buarque de Hollanda restera « la maison d’Oscar », devant être construite rue Iguatemi, mais ne passera jamais d’un avant-projet, parce que d’ailleurs dans un moment de pénurie, le professeur Sergio et Madame Maria Amélia durent vendre le terrain.

De toute façon, c’est un peu par manque d’options que Chico choisit l’architecture, sans jamais être entièrement convaincu que cela fusse sa route- si bien qu’il l’abandonna en troisième année. « Je sais que je n’aurai jamais été un bon architecte » dit il en 2006 au journaliste Francisco Eichenberg - et il raconta que, stagiaire dans un bureau « il tâchait tout avec l’encre de chine, c’était dégueulasse ». Il n’avait ni goût ni talent pour les techniques de l’architecture.

Pour l’urbanisme, qui sait ? C’était ce que prédisait Madame Mariado Carmo, la grand-mère maternelle, en le voyant dessiner des villes – des villes dont l’édification commençait invariablement par le stade municipal. L’une d’elles s’appela Torgona. Les accidents géographiques recevaient toujours des noms – lac de la nuit, île de la paix, plage de la pénitence, colline des seins de l’amante. Avec une telle imagination, on se surprend pas que Chico ait été à l’aise lorsqu’il lui vint l’ambiance d’une bonne partie d’un roman dans un Budapest où il n’avait jamais mis les pieds.

Cette manie d’urbanisme, comme celle du football, Chico ne l’a jamais perdue – D’ailleurs parce que imaginer des ville a été, des années plus tard, un recours pour vaincre les insomnies. « Tu crées un monde et tu y vas » dit-il lors d’une interview. Toquinho, son compagnon d’exil en Italie, en 1969, l’a vu créer non seulement une ville, mais un pays entier, appelé Tita, où les personnes s’exprimaient dans une langue monocorde dans laquelle les syllabes avaient le même poids (Thérèse, par exemple, se prononçait Thérésé). Dans une région de ce pays, expliquait Chico dans un encadré, il n’y avait pas de consonnes et les autochtones, au lieu de parler, chantaient. « un truc de dingues » dira Toquinho. « Mais faut pas s’amuser avec ça, ça le met en colère »
.../...


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MessageSujet: Re: Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)   Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque) - Page 2 Icon_minitimeMer 30 Jan - 2:30

kfigaro a écrit:
Punaise, comment fais-tu ? !
En fait je me régale avec le livre! J'espère que vous aussi. J'ai lu la première édition il y a quelques années au Brésil. Mais le livre que Cesrolavo a offert au forum est plus complet. Alors tout à la fois je découvre et je retrouve. Comme j'ai décidé de le lire en même temps que je le traduis, je suis en train de me mettre la pression.

Et puis tu sais à quel point j'admire Chico. C'est comme Javadd et Caetano.
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Tantas Palavras - Humberto Werneck (l'oeuvre de C.Buarque)
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