Etes-vous prêts à bientôt vous passer de pétrole ?

Un thème inquiétant et finalement peu abordé en profondeur par les médias (à savoir le manque d'une matière première, rien à voir en tout cas strictement avec la politique) :

Citation :

Sommes-nous prêts ? Etes-vous prêts... à bientôt vous passer de pétrole ?

Et pourtant c'est inéluctable : le pétrole est une ressource présente sur la planète en quantités limitées. Or nous approchons rapidement du moment à partir duquel le pétrole encore disponible commence à être de plus en plus difficile et cher à exploiter, moment aussi où les quantités que l'on arrive à extraire vont être insuffisantes pour couvrir une demande de plus en plus importante. (Les réserves ont été largement surestimées pour des raisons politiques et économiques et les guerres sont déjà là depuis longtemps : ce sont tous les conflits qui font l'actualité.)

Le problème est que le pétrole est le sang du monde moderne : tout ce que nous connaissons fonctionne grâce au pétrole et de nombreuses activités en sont grandes consommatrices... En fait il est impossible de trouver quelque chose qui ne soit pas dépendant directement ou indirectement du pétrole, y compris toutes les énergies alternatives.

L'augmentation des cours va entraîner des problèmes économiques insurmontables et lorsqu'il viendra à manquer notre société s'arrêtera tout bonnement de fonctionner. Le pétrole qui reste ira probablement, mais seulement le temps de quelques réserves, au plus fort ou au plus offrant : USA, Chine.
Que se passera-t-il ensuite ? Si l'on fait un effort d'imagination et que l'on enlève du décor tout ce qui est dépendant du pétrole... il ne reste plus grand chose. Et c'est probablement ce qui va nous arriver.
Le pétrole, c'est les transports (du vélo à l'avion, en passant par l'automobile et les camions), les médias (du téléphone à l'internet, en passant par la radio et la télévision), toute l'agriculture (machines, transports, engrais et produits de traitement), l'industrie (toutes les usines), la chimie, aussi l'électricité (centrales y compris nucléaires) et l'eau de nos maisons (stations de pompage), toute notre alimentation : tout cela va être remis en cause.
Or personne ne semble prendre suffisamment au sérieux l'événement de la fin du pétrole auquel va sous peu être confrontée l'humanité entière : quelques timides alertes surgissent par ci, par là, mais bien trop insignifiantes face aux bouleversements à venir.
D'où ma question : sommes-nous prêts ? car plus nos réagirons tardivement, plus le scénario de l'après-pétrole risque de devenir dramatique... Il faut écarter les principales réponses entendues régulièrement :

* on trouvera autre chose : non, il n'y a rien qui puisse remplacer le pétrole et toutes les énergies alternatives en sont dépendantes : elles tomberont en panne avec lui.
* il y a encore pas mal de pétrole : non... les chiffres des réserves sont truqués et déjà maintenant la demande n'est pas satisfaite. Nous avons mis un demi siècle à dilapider l'essentiel des réserves facilement accessibles : un résultat de plus de soixante millions d'années de travail de la nature.
* nous nous déplacerons à vélo ce qui ne sera pas plus mal : non... car pour faire et entretenir un vélo il faut beaucoup de pétrole.
* nous reviendrons à la situation d'avant le pétrole : hélàs, non... tout ce qui existait avant le pétrole a disparu : d'innombrables paysans et artisans qui peuplaient les campagnes, leurs outillages, cheptels et savoir-faire... plus rien de tout cela n'existe.

C'est la raison pour laquelle nous vous invitons à méditer la question... : des solutions existent, qui vont se mettre en oeuvre, mais elles risquent d'être douloureuses, plus encore si nous n'y sommes pas préparés. Elles passent par la ruralisation de toute la société... l'invention d'un autre monde, d'un mode de vie d'où le pétrole est absent... nous serons contraints de retrousser les manches et serrer les coudes, d'abord pour organiser la survie dans le chaos de la fin du pétrole : plus d'eau, plus d'électricité, plus aucun approvisionnement alimentaire ni autre (suite à la disparition des moyens de production et de transport)... puis ensuite pour construire, inventer une nouvelle société sans la baguette magique de l'or noir... Et pour cela il faut s'y prendre largement à temps... et l'imaginer dès à présent...

sources :
http://apres.petrole.online.fr/

A lire les travaux de Lester Brown sur le sujet.

Tu as un lien ?

Non, je n'ai rien trouvé de vraiment intéressant. Je vais chercher encore.

J'ai trouvé ça : Le plan B 2.0 de Lester Brown pour sauver la planète

et ça : Séminaire Lester Brown

et le site du Worldwatch Institute pour ceux qui lisent l'anglais.

Si je comprends bien, c'est l'apocalypse sous peu mais le texte me parait quand même particulièrement pessimiste : à la fin du 19ème et au début du 20ème, on ne dépendait pas du pétrole, et les populations ne vivaient pas pour autant dans des cavernes.

En France, 85% de l'énergie électrique vient du nucléaire et le restant de l'hydraulique et je pense qu'on peut se passer du pétrole là où il y en a dans ces centrales (où d'ailleurs ? les circuits électroniques et informatiques, l'enrobage des câbles ?). Pour les transports, il faut attendre que ces messieurs les constructeurs fassent des études plus poussées sur l'hydrogène ou l'électrique, mais ils ne le veulent pas vraiment. Trop d'intérêts en jeu avec le pétrole.

Merci Christian, je suis en train de lire tout ça...

Joachim, par rapport au nucléaire je suis d'accord mais le problème c'est qu'une centrale nucléaire, ça s'entretient et que pour l'entretenir, il faut obligatoirement des transports adaptés et nombreux (pour le personnel, pour acheminer les matériaux, etc...) et que à l'heure actuelle, aucune, absolument aucune alternative viable et compétitive n'existe réellement pour remplacer le pétrole du jour au lendemain (l'électrique ne pourra pas servir pour les camions, pour les avions, etc... seulement pour les petits trajets, pour l'hydrogène, je crois que c'est pas la panacée non plus), la seule piste sérieuse serait la culture intensive d'algues :

Des micro-algues à l'étude pour produire du biocarburant

seulement il va falloir s'y mettre dès maintenant ! car sinon dans moins de 10 ans ou à peine plus, il sera peut être trop tard et on risque de revenir au 18ème siècle...

En tout cas, une chose est presque sure : la fin du pétrole stoppera net la mondialisation outrancière et le capitalisme sauvage tel qu'il dure depuis presque 50 ans déjà, idem pour la globalisation telle qu'on la connaît actuellement, il faudra produire soi-même ses richesses dans son propre pays (agriculture, vêtements, etc...)...

Ne pas oublier que :
- Le nucléaire produit des déchets pour le moins préoccupants... entre autres.
- En 1900 la population mondiale était 4 fois moindre. Donc si on veut y revenir... Une bonne guerre comme en 14 ?

En effet, l'avenir n'est pas rose.

Il faudrait commencer à taxer fortement les activités nuisibles : voyages en avion, commerces intercontinentaux, utilisation du pétrole en général. Et cela ne peut se faire que mondialement, parce qu'un pays seul à le faire s'en trouverait affaibli.

J'ai entendu juste un bout d'une émission sur France Culture consacrée à votre sujet.

La rumeur du monde : le Pétrole

javadd a écrit:

J'ai entendu juste un bout d'une émission sur France Culture consacrée à votre sujet.

La rumeur du monde : le Pétrole

Les intervenants sont d'accord pour ne considérer le problème qu'à court terme ("il n'y aura pas de pénurie dans les années qui viennent, voire les décennies" ou qq chose comme ça, point) et discutent géopolitique vu du nombril occidental.

Sinon de nouvelles réserves auraient été découvertes dans notre cher pays... De quoi faire durer la politique de l'Autruche !

Faudrait pas non plus mésestimer les conséquences géopolitiques de la raréfaction du pétrole. Elles pourraient être assez désastreuses. Je ne voudrais pas trop suivre Robinson dans sa remarque sur la guerre de 14, mais bon...

Un bon résumé des solutions actuelles sur wikipedia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9pendance_au_p%C3%A9trole

Tous les prospectivistes s'accordaient dès le début des années 1990 en matière de système éducatif, de démographie, d'urbanisme, de santé publique, de développement et, bien entendu, d'énergies issues du pétrole.

Les politiques ont toujours fait la sourde oreille et continuent de la faire. Leurs intérêts personnels priment sur le bien collectif. Quelques morts par démocratie ne pèsent pas lourd dans ce que l'on considère comme un moindre mal.

L'Occident élargi (URSS comprise) avait réuni ses ministres de l'éducation nationale à la fin des années 1980. Dans leur rapport nommé "un poisson rouge dans le bocal", ils constataient l'échec pur et simple des systèmes éducatifs. On continuait à former des ouvriers dont on savait qu'on en avait nul besoin. Pour un avenir uniquement fait de services et de design, on fabriquait des individus incapables de maîtriser leur propre langue maternelle. En Europe, l'Allemagne avait pris un peu d'avance avec son recours massif à l'apprentissage. Aux USA, Ronald Regan lança un appel mémorable aux entreprises pour qu'elles veuillent bien se charger de la formation des jeunes. En France, pas de commentaire de ma part.

Du point de vue démographique, et pour rester dans l'hexagone (vision minimaliste pour faire court ici), nous atteindrons en 2015 le pic maximum du veillissement de la population. Jamais les + de 60 ans n'auront été aussi nombreux face à des jeunes en sous effectif. Je vous laisse imaginer comment les conflits de générations se traduiront dans les urnes avec une majorité de vieux aigris contre une minorité de jeunes à la recherche d'un avenir.
Je constate chaque année l'amplification du phénomène de par mon travail. Par bonheur, les jeunes qui nous arrivent sont bourrés de qualités.

Pour ce qui est de l'urbanisme et des phonomènes sociaux rattachés : tous les travaux en DEA des étudiants, notamment les futurs commissaires de police, convergent vers des constats qui avaient déjà été faits par des sociologues de Chicago depuis près de 20 ans. Voir aussi l'ouvrage "La galère".

Concernant la santé publique, je renvoie nos sympathiques membres à l'actualité. Déficit de la sécurité sociale, régimes spéciaux etc...

Pour finir : le pétrole. Selon les prospectivistes, les ressources seront dans un tel état en 2040 que le pétrole ne sera plus utilisable que par l'industrie pharmaceutique. Je ne rentre pas dans les autres débats et, notamment pas ceux qui traitent des centrales nucléaires, si coûteuses qu'elles sont obsolètent avant d'être amorties. Voir également le nombre de démissions parmi les membres du Haut commissariat à l'industrie nucléaire, sans parler des cancers parmi ces salariés bien payés pour la fermer.

Alors, à la question "êtes-vous prêts à vous passer de pétrole", ma réponse est OUI. Seulement, voilà : à mon âge je ne prends quasiment aucun risque à le dire, ce qui fait une sacrée différence avec ceux qui déboulent dans notre monde aujourd'hui. Quant aux politique, je m'abstiendrai de tout commentaire.

Bonsoir à tous,

llorca shewan a écrit:

Pour finir : le pétrole. Selon les prospectivistes, les ressources seront dans un tel état en 2040 que le pétrole ne sera plus utilisable que par l'industrie pharmaceutique.

c'est le plus optimisme !, mais ça devrait arriver bien avant... (à moins de trouver d'ici là des réserves aussi importantes que celles de l'Arabie Saoudite ce qui fort peu probable...)

Bof. Vu la consommation de la pharmacie et sa capacité à abandonner la synthèse pour des semi synthèses à base de plantes, je ne trouve pas ça optimiste. Cela veut effectivement dire que lorsqu'il ne restera que si peu de pétrole, on sera dans la m.... depuis pas mal de temps.

L'autre problème, c'est que les USA ont pillé toutes les souches végétales de la planète. Ils sont les seuls à posséder les souches les plus anciennes, donc les plus solides et les plus génétiquement modifiables. De ce point de vue, ils sont devenus la "banque verte mondiale" et nous en sommes dépendants. Un paradoxe, par ailleurs, quand on voit leur peu d'enthousiasme pour lutter contre la pollution. Ceci dit, c'est un investissement gigantesque et il n'abattront cette carte que lorsque tout le monde sera en train de tirer la langue, histoire de vendre leur trésor au meilleur prix, celui de la prohibition.