Laura (Otto Preminger - 1944)

GITTES a écrit:

et, de manière subtile et troublante, l'inoubliable "Laura" - topic à venir? - de Preminger avec Gene Tierney dans toute sa splendeur .

Bon, je ne peux pas résister à reprendre la perche tendue par GITTES. Laura est un chef d'oeuvre absolu du film noir américain !

Citation :

Le film s'ouvre sur la phrase : I shall never forget the week-end Laura died (Je n'oublierai jamais le week-end où Laura est morte). Laura, qui travaillait dans la publicité, a été découverte abattue d'une décharge de chevrotine en plein visage dans le hall de son appartement. Le lieutenant McPherson, enquête auprès de ses proches, principalement Waldo Lydecker, un journaliste et critique à la plume acide, qui a fait de Laura une femme du monde, et Shelby, un aristocrate sans le sou qu'elle devait épouser. Au fil de ses recherches, où il apprend à la connaître, au travers des témoignages, de la lecture de ses lettres et de son journal intime, et subjugué par un tableau qui la représente, l'inspecteur tombe sous le charme de la défunte Laura. Lorsque, trois jours après avoir été déclarée morte, Laura réapparait...

Voilà pour le thème, tout est dit, sauf le principal : une athmosphère incroyable (tout se joue dans un appartement), le fameux tableau, le superbe thème musical, étrange, pénétrant et entétant, et bien sur une Gene Tierney qui n'a jamais été aussi troublante.



Sauf peut-être dans Pèché Mortel de John M. Stahl (1947), ou elle tout simplement diabolique (je pense notamment à la plus "belle" scène d'infanticide que je connaisse...). On la retrouvera beaucoup plus lumineuse dans les grandes comédies que sont L'aventure de Mme Muir de J. Mankiewicz (1947) et Le Ciel peut attendre de Ernst Lubitsch (1943).

Laura, c'est donc aussi un thème musical de Johnny Mercer & David Raskin. GITTES, tu as la version originale ?

Voilà une version piano jazz que j'aime beaucoup, trés respectueuse du climat, tirée du disque "Mingus Three", avec Hampton Hawes au piano, Charles Mingus à la contrebasse et Danny Richmond à la batterie (1957) : Laura

Citation :

Voilà une version piano jazz que j'aime beaucoup, trés respectueuse du climat, tirée du disque "Mingus Three", avec Hampton Hawes au piano, Charles Mingus à la contrebasse et Danny Richmond à la batterie (1957).

Merveilleux solo de Mingus qui cite avec la nonchalance et la fragilité attachantes de l'inoubliable héroïne "Tea for Two" - la grille n'est pas loin - comme si le film n'était qu'un vaudeville qui aurait mal tourné - Vincent Price, fils de famille dont-on se demande pendant 40 minutes s'il n'a pas fait une connerie.

Quelques versions supplémentaires :

Music Makers (1986)
La voix chaude d'Helen Merrill, avec Stephane Grappelli et Gordon Beck.. C'est beau, mais je trouve que le violon de Grappelli ne s'accorde pas trop avec ce thème...

The Newest Sound Around (1961)
Une version magnifique, étrange, et j'oserais dire éthérée (mais j'attends l'aval du maitre de l'éthéré...). Jeanne Lee est vraiment émouvante

Clifford Brown With Strings (1955)
Le magnifique trompettiste Clifford Brown, décédé cette année là à 25 ans, avec (horreur! ) des cordes hollywoodiennes à souhait. Et c'est trés beau !

Tiens, je m'aperçois avec regret que je n'ai pas la version de Charlie Parker avec des cordes ! (1947 je crois...)

J'ai pas encore passé en revue toute cette avalanche de pistes... je ne suis pas un geek comme vous ! moi...

voilà la version originale entendue dans le film en tout cas (du moins je crois car je connais plus la musique elle même que le film pour le moment du moins...) :
Laura par David Raksin

Christian a écrit:

Quelques versions supplémentaires :

Music Makers (1986)
La voix chaude d'Helen Merrill, avec Stephane Grappelli et Gordon Beck.. C'est beau, mais je trouve que le violon de Grappelli ne s'accorde pas trop avec ce thème...

The Newest Sound Around (1961)
Une version magnifique, étrange, et j'oserais dire éthérée (mais j'attends l'aval du maitre de l'éthéré...). Jeanne Lee est vraiment émouvante

Clifford Brown With Strings (1955)
Le magnifique trompettiste Clifford Brown, décédé cette année là à 25 ans, avec (horreur! ) des cordes hollywoodiennes à souhait. Et c'est trés beau !

Tiens, je m'aperçois avec regret que je n'ai pas la version de Charlie Parker avec des cordes ! (1947 je crois...)

J'avais hésité à proposer le version de Jeanne Lee de peur que notre ami Kfigaro ne se jette immédiatement par une fenêtre, car à mon avis, il va avoir du mal à s'en remettre: dans le genre "éthéré", c'est définitif.

Le version élégiaque de Clifford est déchirante, comme tout ce qu'il y a sur ce disque déchirant que je n'arrive pas toujours à écouter d'un trait.

J'ai la version de Bird, mais sur le très vénérable original Verve qu'il me faudrait numériser. Mais quelqu'un va bien se dévouer pour trouver le CD dans sa collection.

Je contribue à ma manière avec cette enivrante version de Jim Hall avec la petite formation californienne de Buddy Collette- magnifique section de flutes: Collette, Shank, Horn, Klee, Manne à la batterie, et Red Mitchell à la contrebasse, john Williams au piano - qui l'enregistre généreusement à Los Angeles en octobre 1959.

Click here to watch LAURA-67

Christian a écrit:

The Newest Sound Around (1961)
Une version magnifique, étrange, et j'oserais dire éthérée (mais j'attends l'aval du maitre de l'éthéré...). Jeanne Lee est vraiment émouvante

oui c'est vrai que c'est super éthéré, surtout le début quasi schoenberien (le motif quasi atonal au piano)...

pour "l'éthéré", tu peux mettre à contribution ta délirante et foisonnante culture (visiblement un puits sans fond) dans ce topic ci...

Christian a écrit:

Clifford Brown With Strings (1955)
Le magnifique trompettiste Clifford Brown, décédé cette année là à 25 ans, avec (horreur! ) des cordes hollywoodiennes à souhait. Et c'est trés beau !

oui c'est très beau, mais si tu aimes ça écoute les 1er albums de Marcos Valle, y'a pas de raison que tu n'aimes pas, et surtout ne prend pas exemple sur quelqu'un que tu connais sur le forum de Chet si tu vois ce que je veux dire, parce que la beauté du solo de Brown sur ce tapis de cordes est finalement de la même étoffe que le filet de voix tendre de Valle sur les arrangements délétères de Deodato ou Caymmi, à toi de voir, la balle est dans ton camp en tout cas !

J'y pensais kfigaro, mais je n'étais pas sur de bien comprendre ce que tu entends par éthéré... Bon, on dirait qu'on parle de la même chose.

Sinon, pour les cordes, je te l'ai déjà dit : je me soigne.