"Brésilianisation" du monde

Un article passionnant à lire ici (en rapport avec le livre de Giuliano Da Empoli que j'ai commencé à lire) :
http://www.philolog.fr/la-bresilianisation-du-monde/

Version plus pessimiste sur le même thème ici :
http://rfobservatoire.wordpress.com/2008/10/28/bresilianisation-de-la-france/

Tiens puisque je vis entre le 93 et une ville du Bresil - Sao Paulo, je peux temoigner que comme toute theorie, elle est completement reductrice. Mais chacun se rassure ou se fait peur c est selon avec ce qu il veut ou peut.
Donc j habiterais dans l immense nouvelle favella francaise. Vite monsieur Disney, ouvrez un parc ou les honnetes citoyens du reste de mon pays vont se faire peur pour pas cher.
Helas quand ils en auront fait le tour, que verrons t ils, en majorite un habitat pavillonnaire, oui ; celui ou l on voit aussi des nains de jardin sur des pelouses bien vertes.

Bien entendu que la violence y existe, la pauvrete aussi, de facon plus importante que dans les autres departements de l Ile de France,mais meme dans ces endroits presentes comme repoussoirs il y a des solidarites, de l intelligence, des gens qui y enreprennent.
Si vous aimez l ambiance Neully sur Seine,en plus de calme, je vous assure que Le Raincy a tout pour vous plaire, un maire UMP tres propre sur lui avec 65 % d electeurs qui le soutiennent.
A cote Clichy sous Bois, oui c est la ou les voitures brulent, et ou les gens en moyenne ont des revenus faibles, mais ellepeut aussi s enorgueillir d une politique culturelle ambitieuse.

Pour Sao Paulo. Je n en sais qu une chose, le metissage fantasme il faut mieux en parler depuis la France. Moi j attends franchement de comprendre ce qu est un bresilien. C est sur il parle portugais. Mais deja suivant les regions il ne prononce pas le nom papa de la meme facon. Alors.

Donc j attends de savoir en quoi la France se bresilianise aujourd hui, s americanisait hier, avant de s islandiser la semaine prochaine.

Monsieur Marx, qui revient tres a la mode en ces temps difficiles pour nos pays riches, avait une theorie implacable de l evolution du monde mais helas il avait oublie que celui ci n est pas fait que de formules mathematiques. Il avait aussi un rapport avec son corps.

Par contre si ces auteurs veulent donner des pistes, et s interroger sur certains signes qu ils croient deceler, ca peut devenir pour moi plus interessant.

Une remarque sur

La Defense sera notre Brasilia

La Defense est le lieu le plus important de notre economie tertiaire, Brasilia est a ma connaissance son coeur administratif et politique.
Son coeur economique principal, c est l Avenuda Paulista a Sao Paulo.

De plus, l interesse aurait peut etre du s informer qu au Bresil, les Etats avaient une realite tres forte et qu il y avait plusieurs centres meme si certains etaient preponderants.
Il me semble qu administrativement et economiquement parlant le Bresil ressemble plus aux USA qu a la France.

Je recommande en tout cas le bouquin de Giuliano Da Empoli (et non pas le second article que j'ai cité) car il consacre un chapitre entier sur le Brésil justement.

à acheter ici :
http://astore.amazon.fr/chet-21/detail/2246700817

A découvrir au plus tôt (c'est philosophique mais assez simple d'accès).

extrait ici :
http://www.edition-grasset.fr/chapitres/ch_empoli.htm

Le premier texte que tu as donné K, est selon moi une belle compilation de clichés sur le Brésil, et le second fait un parallèle entre deux choses qui ne sont pas comparables (il est par ailleurs bien synthétique pour pouvoir montrer quoique ce soit).

Je partage pleinement les points de vue de Alfinete et Zanzibar,
et ai déjà trop donné dans les vains exercices de comparaison entre le Brésil et autre chose, pour succomber de nouveau, comme à 20 ans, dans la tentation angélique de rejoindre le Brésil par l'Europe, ou plus stupide encore, par la France, et ses problématiques du moment!

Il faut se faire à l'idée:
comme il y eut une Antiquité et une Histoire moderne,
il y a aussi un Ancien Monde et un Nouveau Monde,
et même encore un Premier Monde et un Tiers Monde,
de même, il y a des problématiques identitaires ou socio-économiques
propres à l'Europe et à ses responsables,
pris dans la tornade de la mondialisation,
qui ne peuvent au Brésil,
comme par baguette magique, trouver alibi ou indices de comparaison.

Je sais, par expérience, que le Brésil est toujours cité,
comme un cliché, comme un mauvais miroir,
par bien des européens européocentrés,
qui pensent encore, sans jamais y avoir mis les pieds,
ni mangé la feijoada sacro-sainte du samedi midi,
pouvoir porter des jugements péremptoires sur un pays
qu'ils méprisent en invoquant Nietzsche ou même Dionysos,
aussi respectables soient-ils, mais qui ont peu à voir,
vous en conviendrez, avec le Brésil d'aujourd'hui.

Le livre de Giuliano Da Empoli
est probablement passionnant,
et je le lirai si j'ai le temps,
mais l'article 1, pédant et européocentré
n'en donne qu'un pâle reflet
après une lecture mal ingurgitée,
sans doute, en tout cas irréelle,
quant à l'article 2, comme toujours,
il est révélateur de rancoeurs,
et de chienneries qui ne concernent
en rien l'Histoire et le développement
du Brésil:
il n'est question ici que d'affadissement
et de décadence, et de topics de vieux,
alors que le Brésil, pays jeune,
vit sa vie en pleine adolescence!

Le concept de brésilianisation,
reste à définir et n'engage
que ceux qui l'utilisent:
positif pour les uns,
indice de corruption
et de décadence
pour les autres,
je m'en méfie
comme de ma dernière chemise,
d'autant qu'il n'a pour moi aucun sens au Brésil,
et ne concerne que ceux qui l'utilisent,
ici ou ailleurs,
à leur propre profit!

"Le 22 avril 1500, les Portugais jettent l'ancre au large d'une terre de perroquets et de cannibales.
C'est le Brésil à l'état de nature, pays aux fleuves impétueux, aux forêts impénétrables.
Peu à peu les Indiens s'effacent, laissant derrière eux les premiers métis. Entre-temps arrivent les Noirs d'Afrique, les " Pièces de Guinée ".
Débarquent enfin des émigrants du monde entiers, Allemands, Italiens, Espagnols, Japonais ou Syriens.
De cette fusion épique naît le Brésil aujourd'hui."

Le Brésil appartient aux brésiliens eux-mêmes
et pour le connaître, faire confiance aux brésiliens
eux-mêmes: les noms ne manquent pas, dans tous
les domaines de la culture humaine!

Le regard distant est toujours une distance!
Il faut parier comme Pascal et plonger dans le bouillon
de culture brésilien, c'est un choix, ou rester à la surface
comme un poisson dans son aquarium, c'est un autre choix.

A Glauber Rocha, je veux revenir:
"Ca suffit l'Europe!
découvrons la feijoada
le carnaval, le frêvo,
les choses nationales,
le Brésil existe!
Les brasilianistes étrangers
les brésiliens qui parlent mal du Brésil
voilà ceux qui sont dépassés par l'Histoire!
Nous sommes nègres, mulâtres, indiens.
Nous sommes des nordestins.
Notre culture est la macumba
et pas l'opéra
de sorte que nous devons aller de l'avant
et découvrir le Brésil."

Oui, et ça c'est pareil pour tout. Mon frère, qui vit à Tokyo depuis 15 ans, s'amusait au début à comparer, ou à parler de sa compréhension du Japon. Aujourd'hui, sa dernière réponse sur le sujet a été : "tu sais, plus j'y vis et je suis intégré, et moins je comprends et j'intellectualise"...

Quelques lectures essentielles, à propos du Brésil:

- Os Sertões, de Euclides da Cunha (1902)
traduction française sous le titre: Hautes Terres: la guerre de
Canudos.

- Casa Grande e senzala, de Gilberto Freyre (1933)
traduction française: Maîtres et esclaves

- Raizes do Brasil, de Sergio Buarque de Holanda (1936)
traduction française: Racines du Brésil.
(un livre clé)

- O Povo Brasileiro de Darcy Ribeiro (1995)
ouvrage fondamental, mais qui n'est pas traduit en français je crois
(je suis prêt à le faire, si un éditeur m'entend...)

-O Que Faz do brasil, Brasil? de Roberto Damatta (2007)
(idem, prêt à le traduire...)

J'allais oublier un autre bouquin sympa:
- Dando um jeito no jeitinho -Como ser ético sem deixar de ser brasileiro, de Lourenço Stelio Rega (2000)
(non traduit en français...)

Grand Homme devant l'Eternel
retrouvé,
mort une première fois
dans sa première vie,
reconnaissant au Brésil,
de lui avoir redonné la Vie,
et une seconde chance
de vivre une vraie Vie
jusqu'au dernier jour
du bonheur retrouvé,
cet Homme-là
est une bénédiction
pour nous autres
parfois tentés
de tout abandonner
devant l'adversité.

Bientôt,
je vous reparlerai de lui,
car cet Homme-là
- Artiste Universel,
témoin de notre Siècle -
dans sa chair
dans son âme,
sait ce qu'il doit
à Mère Nature
au Brésil retrouvée:

"Je suis né de ce monde qui s'appelle nature et le grand impact de la nature, c'est au Brésil que je l'ai eu. J'y suis né une seconde fois : c'est ici que j'ai pris conscience d'être un homme et de participer à la vie avec ma sensibilité, mon travail, ma pensée. Ici, je me sens bien.
A part les Indiens, nous sommes tous venus d'ailleurs et j'ai besoin des forêts sauvages, riches, mouvementées vibrantes de couleurs, poussant librement.
Je ne sens pas les forêts plantées d'Europe et les intolérances de l'Europe continuent à m'inquiéter, je me sens juif parce que je le suis et surtout parce qu'on m'a fait l'être, mais je ne suis pas religieux. je redoute le fanatisme des nationalismes et des religions.
J'ai toujours été internationaliste et la nature m'a rendu planétaire.
Naître et mourir, c'est la loi commune à toutes les espèces, même si les citadins des bunker ne s'en souviennent que devant la mort.
Tout ce qui naît sur cette planète a le droit d'y vivre."