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 Les français et la musique

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Christian
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Christian


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MessageSujet: Les français et la musique   Les français et la musique Icon_minitimeSam 28 Juil - 22:56

Trouvé un blog passionnant sur Jazzitude (merci Gaston) : La Jazzitude de "Papa Mutt" Carhaix.

Et cela ne parle pas que de jazz, mais aussi plus généralement de musique en France, et de légitimité. Ca devrait intéresser kfigaro...

Voici le début, juste pour donner envie de continuer :

Citation :
Je suis un papy du jazz, que j’ai découvert vers 1956 ou 57. J’avais alors une quinzaine d’années. Autodidacte, j’ai joué d’abord de la batterie, ...
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Christian
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MessageSujet: Re: Les français et la musique   Les français et la musique Icon_minitimeSam 28 Juil - 22:59

Sur la légitimité :

Citation :
Aujourd’hui, la pratique artisanale du jazz, telle que je l’ai connue, est devenue difficile. Depuis le début des années 80, Le jazz a complètement disparu de la scène commerciale (night-clubs, soirées dansantes, discothèques, clubs, restaurants etc…) tous endroits qui n’étaient pas spécifiquement voués au jazz, mais où les jazzmen, traditionnellement, trouvaient des engagements. Il ne reste plus au jazz qu’une scène officielle, subventionnée, c'est-à-dire politique. Or les politiciens sont rarement musiciens, et encore plus rarement musiciens de jazz. Subventionné par des municipalités, par les Conseils Généraux, par le ministère des Affaires Culturelles etc… le Jazz sera municipal (à la coloration de la municipalité) ou ministériel c'est-à-dire estampillé « musique sérieuse », voire « musique contemporaine ». Le tout sous le regard, non pas directement du public, mais des « critiques » de Télérama ou autres magazines, qui distribuent les bonnes ou les mauvaises notes. Rien à voir avec la liberté qu’on trouvait autrefois dans le monde du jazz. Là où le musicien de jazz , même très sérieux, très respectueux de son art, devait aussi songer à se faire apprécier d’un public assez large (ou alors il se retrouvait vite au chômage), le jazzman professionnel des années 2000 évolue dans un univers de concours (l’effrayant « Concours Martial Solal », les cérémonies des Victoires du jazz ou du Midem (quand on voit ça à la télé, on est saisi d’angoisse) de diplômes (le CA de jazz : la plupart des grands créateurs du jazz seraient recalés). Le jazz donne lieu à des «prix » de toutes sortes : Prix de l’Académie du Jazz, prix Django Reinhardt… Nous autres Français, nous sommes très forts sur les prix, les examens et les concours, sur tout ce qui nous rappelle le système scolaire.

Le pianiste Samson François, à qui on demandait ce qu’il pensait du jazz, avait répondu : « c’est un pied de nez fait à la musique classique ». Il n’est plus question de cela : aujourd’hui on fait du « jazz » une branche, une excroissance de la musique classique, un sujet d’étude.
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Christian
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MessageSujet: Re: Les français et la musique   Les français et la musique Icon_minitimeSam 28 Juil - 23:02

et sur le thème "les français et la musique" (ou plus exactement le rythme) :

Citation :
Pendant des générations, les Français ont marché au pas cadencé. En temps de guerre, ils ont marché d’une traite de Boulogne à Austerlitz, ils ont marché sous la mitraille et face aux charges de cavalerie au son des tambours de Napoléon ; ils ont fait l’Infanterie Coloniale au son des clairons, tsouin tsouin t’auras du boudin… des gamelles et des bidons, et rantanplan plan plan… Deux siècles de marches militaires, ça ne s’efface pas comme cela. Ca laisse des traces, ça s’inscrit peut-être dans les gènes. En temps de paix, c'est-à-dire en attendant la guerre suivante, les Français ont continué sur leur lancée. La marche, c’était tout ce qu’ils connaissaient. Chaque village de France a eu sa fanfare, et ils ont remis ça : gauche, droite, gauche, droite… Plus tard, dans les bals populaires des années 1930 à 1960 et des poussières, tandis que les Américains dansaient le swing (apparu à la fin du XIXème siècle) les Français dansaient la marche et le « paso doble », la marche façon espagnole, celle qu’on joue dans les corridas. Chaque bal de mariage ouvrait sur un de ces paso-dobles ; c’était tout un folklore !

A partir du début des années 60, le jeune public français (déjà bien préparé par la vague du rock-and-roll américain de la fin des années 50) s’est trouvé exposé à des doses massives de musique rythmée d’inspiration américaine. Je ne parle pas du jazz, mais du « YéYé » : les Chaussettes Noires (avec Eddy Mitchell), Johnny, Dick Rivers (ils prenaient tous des noms ricains, question d’identité nationale), Sylvie Vartan, Sheila, Françoise Hardy. Ils sont encore parmi nous, ils chantent encore ! Puis vinrent les Beatles et les Rolling Stones… Depuis cette époque, nous baignons quotidiennement dans une musique qui rythmiquement, accentue (et lourdement) les temps 2 et 4. On pourrait imaginer que ces 50 ans de rock ont fait évoluer les choses, et que les Français sont maintenant guéris de la dictature des temps 1 et 3, que lorsqu’ils entendent une musique où le batteur fait « chabada, chabada », ils vont claquer des doigts, ou frapper dans les mains sur « cha ». Eh bien, ce n’est pas le cas. Dans leur grande majorité, les Français, et même les très jeunes, lorsque vous leur faites écouter un morceau de rock où le batteur tape sur 2 et 4 comme un malade, continuent à taper dans les mains sur 1 et 3, c'est-à-dire à contre-temps, et à contre-sens. Autrefois les Français marchaient au pas, aujourd’hui ils aiment taper dans les mains : regardez les émissions de télé, les shows de Michel Drucker ou Patrick Sébastien, les réunions politiques : invariablement ça se termine par une séance de claque dans les mains, tous ensemble, comme un seul homme, sur les temps 1 et 3. Nous avons un sérieux problème, de ce côté-là. Là où les peuples de l’Europe de l’Est, les Israéliens, les Grecs, les Tziganes etc, et ne parlons pas des Américains…entendent instinctivement l’accentuation des temps faibles (qui produit le swing), nous restons largement incapables de nous soustraire au pied-de-plomb des temps 1et 3. Cette caractéristique affecte tout notre rapport à la musique. Nos chansons enfantines, nos comptines, nos rondes de l’école maternelle sont articulées sur le rythme de la marche. Là où un petit français de l’école maternelle apprend « une souris verte qui courait dans l’herbe », son homologue américain chante « Three Blind Mice », qui a fait l’objet d’une version par les Jazz Messengers d’Art Blakey, ou « Humpty Dumpty sat on a wall », entièrement sur un rythme de croche pointée-double croche, le rythme du shuffle. Les vedettes de notre art national, la chanson populaire, sont pour la plupart de vrais handicapés rythmiques, les cas les plus graves étant constitués, à mon sens, par Guy Béart, Pierre Perret, Mireille Mathieu, Renaud, Yves Dutheil, bien d’autres encore, dignes héritiers de Maurice Chevalier et de Saint-Granier. Il ne faut donc pas s’étonner qu’avec un héritage musical pareil, le public français, mais aussi les musiciens eux-mêmes, aient un sérieux compte à régler avec le rythme. Les musiciens de jazz français, surtout les débutants, discutent rarement des problèmes de rythme. Ils parlent davantage des questions d’harmonie. Exactement à l’inverse des jeunes Américains, ou des jeunes Anglais, que leur héritage musical et aussi leur langue, préparent à une approche plus rythmique
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MessageSujet: Re: Les français et la musique   Les français et la musique Icon_minitimeSam 28 Juil - 23:56

merci Christian pour ce lien...

Citation :
Le pianiste Samson François, à qui on demandait ce qu’il pensait du jazz, avait répondu : « c’est un pied de nez fait à la musique classique ». Il n’est plus question de cela : aujourd’hui on fait du « jazz » une branche, une excroissance de la musique classique, un sujet d’étude.
c'est totalement vrai...

franchement, est ce qu'il existe à l'heure actuelle beaucoup d'ouvriers (avec juste un CAP) et de petits employés peu qualifiés qui se passionnent exclusivement pour le jazz et la musique classique tout en dédaignant les musiques plus populaires comme le rock ? (les enquêtes montrent toutes que ce sont d'infimes exceptions - quasi inexistantes à part quelques cas isolés)

à mon humble avis, dans les années 50, le rock a volé au jazz son statut de musique "sale", "dansante", "jeune" et qui choque le bourgeois, passé cette période, ce dernier a été obligé de surenchérir dans l'abstraction mélodique et l'ultra-complexité structurelle (cf Coltrane et co...), du coup il s'est totalement coupé de ses racines populaires pour devenir la chasse gardée d'une certaine élite intellectuelle à Bac + 6...
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MessageSujet: Re: Les français et la musique   Les français et la musique Icon_minitimeDim 29 Juil - 0:06

Citation :
Pendant des générations, les Français ont marché au pas cadencé. En temps de guerre, ils ont marché d’une traite de Boulogne à Austerlitz, ils ont marché sous la mitraille et face aux charges de cavalerie au son des tambours de Napoléon ; ils ont fait l’Infanterie Coloniale au son des clairons, tsouin tsouin t’auras du boudin… des gamelles et des bidons, et rantanplan plan plan… Deux siècles de marches militaires, ça ne s’efface pas comme cela. Ca laisse des traces, ça s’inscrit peut-être dans les gènes.
tout à fait exact également...

j'avais d'ailleurs déjà lu cette analyse dans un bouquin (mais lequel ??). Tiens, une anecdote marrante sur le sujet : quand j'avais 16 ou 17 ans, on jouait dans un groupe de rock avec plusieurs camarades de lycée, je devais chanter une chanson punk de Joy Division... et bien tenez-vous bien le bassiste était incapable de jouer le riff (un peu syncopé justement) de basse sans tomber dans le binaire tout con avec les temps 1 et 3 accentués, il a fallu que je lui joue moi même je ne sais combien de fois pour qu'il comprenne le truc (et pourtant c'était vraiment tout con comme riff - rien à voir avec la complexité terrible du jazz)


Dernière édition par le Dim 29 Juil - 1:44, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Les français et la musique   Les français et la musique Icon_minitimeDim 29 Juil - 0:10

La remarque de la facheuse influence de la marche militaire, Boris Vian la fait dans En avant la zizique.

Il en a à dire Papa Mutt !
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https://www.youtube.com/view_play_list?p=B5E76F6B94377FBB
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MessageSujet: Re: Les français et la musique   Les français et la musique Icon_minitimeDim 29 Juil - 0:11

Robinson a écrit:
La remarque de la facheuse influence de la marche militaire, Boris Vian la fait dans En avant la zizique.
oui ! bingo, ça doit venir de Vian !! Smile
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Christian
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MessageSujet: Re: Les français et la musique   Les français et la musique Icon_minitimeDim 29 Juil - 1:01

Citation :
Dans la série des « Jazz Casual », qu’on peut télécharger facilement sur Emule ou sur Lphant, il existe un film sur le quintet de Cannonball Adderley (avec Joe Zawinul au piano !) et une interview de Cannonball par Ralph Gleason. Quand Gleason lui demande pourquoi son répertoire comporte tant de thèmes de blues, Cannonball répond (en substance) que l’esprit du blues est nécessaire au jazz, et que si jamais les musiciens le perdent, le jazz sera mal barré…Je me demande des fois si nous n’en sommes pas là aujourd’hui.

C'est aussi mon avis.

Je me suis plongé dans la lecture de ce blog, et c'est vraiment passionnant ! Bien écrit, et toute une époque qui défile sous mes yeux. Comme le dit un commentaire, ce blog c'est carrément l'histoire du jazz en Bretagne. Bon, je connais pas trop le jazz breton, mais j'y retrouve au fil des lignes quelques toulousains de passage...

Mais bien d'autres sujets en filigrame : les passages sur l'Angleterre des années 60, l'apprentissage de la musique, l'économie des concerts "au black" impossible aujourd'hui...
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