Enigme de la vie

La petite prostituée
va bientôt mourir.

Dans la chambre ardente,
Derrière les volets clos,
Sur son lit d'infortune
Seule, une dernière fois,
Elle revoit sa vie.

A son chevet,
un visiteur étrange,
une présence silencieuse,
l'assiste,
et lui tient la main.

Pour elle,
une dernière fois
il ouvrira la fenêtre
de la chambre ténébreuse
et laissera entrer à profusion
la Lumière de la Vie.

Que lui demande-t-elle
et qui saura retrouver
derrière ces quelques lignes
l'une des plus belles chansons
du répertoire
de cet Homme-là?

Je ne sais pas, mais je voie bien un Chico Buarque faire un chef d'œuvre sur un thème comme celui là....

L'intuition première
est souvent bonne conseillère...
même sur ma libre interprétation
de cette très belle chanson!

Même si c'est de Chico Buarque, je sèche lamentablement

Allons donc,
encore
un effort:
l'album
est suffisamment
rouge
pour qu'on s'en
souvienne
encore!

Et la Vie
suffisamment
écarlate
pour qu'on
souhaite
en voir
la Lumière
derrière
les volets
clos.

Si c'est Chico Buarque et un album rouge c'est sans doute celui là?

Je suis désolé
je me suis trompé
et d'album
et de couleur!

Il s'agit en fait
d'un autre
plus ancien
dont le titre
marquera
sans doute
le début
de la fin
de l'énigme
de la Vie!

C'est pas "Maddalena è andata via" (en Italien) ?

Non vraiment
cette chanson
en italien
ne me dit rien!

L'album dont je parle
date de l'année 1980
c'est l'un des meilleurs
de l'auteur-compositeur.

Qui retrouvera la chanson
qui dans la chambre ténébreuse
laisse entrer à profusion
la Lumière de la Vie?

Son titre
vers la vie
et la mort
vous ramènera.

Vida ?

Vida
Chico Buarque, 1980


Vida, minha vida
Olha o que é que eu fiz
Deixei a fatia
Mais doce da vida
Na mesa dos homens
De vida vazia
Mas, vida, ali
Quem sabe, eu fui feliz

Vida, minha vida
Olha o que é que eu fiz
Verti minha vida
Nos cantos, na pia
Na casa dos homens
De vida vadia
Mas, vida, ali
Quem sabe, eu fui feliz

Luz, quero luz,
Sei que além das cortinas
São palcos azuis
E infinitas cortinas
Com palcos atrás
Arranca, vida
Estufa, veia
E pulsa, pulsa, pulsa,
Pulsa, pulsa mais
Mais, quero mais
Nem que todos os barcos
Recolham ao cais
Que os faróis da costeira
Me lancem sinais
Arranca, vida
Estufa, vela
Me leva, leva longe
Longe, leva mais

Vida, minha vida
Olha o que é que eu fiz
Toquei na ferida
Nos nervos, nos fios
Nos olhos dos homens
De olhos sombrios
Mas, vida, ali
Eu sei que fui feliz



Vie

Vie, ma vie
Regarde ce que j'ais fait
J'ai laissé la tranche
La plus douce de la vie
Sur la table des hommes
De vie vaine (vide)
Mais après tout, vie
Qui sait, j'ai été heureux

Vie, ma vie
Regarde ce que j'ai fais
J'ai déversé ma vie
Dans les coins, dans l'évier
Dans la maison des hommes
De vie oisive
Mais après tout, vie
Qui sait, j'ai été heureux

Lumière, je veux la lumière
Je sais qu'au delà des rideaux
Il y a des estrades bleues
Des rideaux infinis
Avec des estrades derrière
Démarre, vie
Enfle, veine
Et bat (coeur), bat, bat,
Bat, bat plus (encore)
Plus, je veux plus
Que tous les bateaux
Qui se regroupent au quai
Que les phares de la côte
Qui me lancent leurs signaux
Démarre, vie
Enfle, bougie
Emmène-moi, emmène(-moi) loin
Loin, emmène-moi plus (loin)

Vie, ma vie
Regarde ce que j'ai fais
J'ai touché à la plaie
Dans les nerfs, dans les fils
Dans les yeux des hommes
Aux yeux ombrageux
Mais après tout, vie
Je sais que j'ai été heureux

http://www.beaume.org/ChicoBuarque.html#Vida

Maintenant
il ne reste plus qu'à écouter
cette merveille d'intensité
dramatique sublimée
par l'écriture et l'interprétation
de Chico:

Mais, quero mais
Nem que todos os barcos
Recolham ao cais
Que os faróis da costeira
Me lancem sinais

Cliquez sur la n°2 : Vida
http://www.deezer.com/#music/result/all/vida%20chico%20buarque

Heureusement que Maître Charles a mis une traduction, sinon je perdais la moitié de cette sublime chanson.

Note : avec deezer, si tu veux faire un lien vers un seul morceau, fais le jouer, et à droite tu as un champ "permalien" qui contient l'adresse de ce seul morceau.

Très beau, et très libre ton interprétation du texte, Silvio

Ca m'a de suite fait penser à "Mort d'une putain" de Grisélidis Réal dont j'ai déjà parlé une fois ici. Tu connais Silvio ?

De Profundis

Christian,
je ne connaissais pas du tout
Grisélidis Real,
je vais me renseigner
à ce sujet.
Merci de m'avoir fait découvrir
ces textes, déchirants d'amour
de désespoir et de solitude.
C'est beau comme un dernier jour!

Les textes originaux sont-ils en brésilien?

La traduction de Vida en français
est intéressante et nécessaire,
très proche du texte original,
mais ne préserve pas en l'état
ma libre interprétation car "feliz"
(heureux) est tout aussi bien
masculin que féminin en portugais
(Chico le sait bien et en joue!)
alors que la traduction en français
par "heureux" choisit le masculin
ce qui appauvrit le sens du texte.

Par ailleurs ces deux vers
se répondent en écho:
Quem sabe, eu fui feliz
Eu sei que fui feliz,
le deuxième magnifiant
malgré tout, la Vie
ce qui me semble
tellement brésilien!

C'est la plus grande différence
après une première lecture,
me semble-t-il, avec les textes
que tu as mis en ligne:
autant Grisélidis Real
aspire à la disparition et à l'oubli
définitif et total
autant Chico Buarque
est ici dans le doute, la fragilité,
et au seuil de la mort
dans la volonté de Vivre
encore, et encore!

Mais ne discutons pas trop de cela
car nous pourrions peut-être lasser
les navigateurs de ce Forum
qui préfèrent les chansons?

Puisque nous parlions de putains
plus haut,
sans doute connaissez-vous
dans les mots
de Chico Buarque
la plus célèbre
et la plus généreuse d'entre-elles,
librement inspirée
d'une autre putain
célèbre,
française
cette fois?

Silvio a écrit:

Mais ne discutons pas trop de cela
car nous pourrions peut-être lasser
les navigateurs de ce Forum
qui préfèrent les chansons?

Mais non, que nenni... il y a de la place pour tous sur ce forum. Il y a déjà eu d'autres analyses littéraires de textes de chansons, notamment celles de Chico comme par exemple "Mulheres de Athenas"

Oui, je suis d'accord sur la différence entre ces deux textes. Grisélidis Réal n'est pas brésilienne, les originaux sont donc en français. Et en cherchant tu devrais tomber sur mon petit papier sur Randomizm
(pas le courage de trouver le post ici où l'on en parlait)

Puisque nous parlions de putains
plus haut,
sans doute connaissez-vous
dans les mots
de Chico Buarque
la plus célèbre
et la plus généreuse d'entre-elles,
librement inspirée
d'une autre putain
célèbre,
française
cette fois?