Olga

D'abord,
son doux visage
volé au temps
un court instant

C'est un Quizz?

Ce soir,
qui se souvient de toi,
Olga?

De tes yeux clairs
de ta bouche pivoine
de ton rire cristallin.

Moi, je n'ai rien oublié
de ta beauté
de ta bonté
de ton Brésil
de ton regard de mère éplorée.

Dans tes lettres jaunies
j'ai retrouvé ta vie
et promis ce soir, de nier
le souffle de l'oubli.

Ce qu'ils t'ont fait
je ne leur pardonnerai
jamais!

Tu étais née en Allemagne
en ces temps d'avant guerres
et avais l'air docile
des enfants obéissants
qui plaisent à leurs parents.
Jeune fille radieuse
tu portais des robes claires
et des garçons attirais le regard.

Mais le vent de l'Histoire
a tout emporté,
et le Mal qui rôdait
s'était déjà levé
qui remplaça par des chemises noires
les robes claires.

Moi, je n'ai rien oublié
ni ton arrivée au Brésil
sur le Bateau d'Espoir,
ni tes émois, ni ton regard
quand il croisa celui
du Chevalier de l'Espérance!

Qui se souvient de toi
Olga
et de la vie sans toi,
car ton départ sonne comme un glas
un jour de soleil noir!

Sur le Bateau sans Retour
qui te mène à Hambourg
Olga
j'entends ton cri
je vois ton désespoir
et l'impuissance
dans ton regard.

Mais sur ce Bateau
sans espoir
tu portais en toi
comme un cri
d'espoir
l'enfant
du Chevalier de l'Espérance!

Née en Allemagne
au Camp de Désespoir
la petite fille
Leocàdia
du Brésil
fut ton dernier sourire!

Moi, je n'ai rien oublié
ni tes yeux clairs
ni ta bouche pivoine
ni tes larmes
rouge carmin.

Non, je n'ai rien oublié
de ton regard d'enfant
de tes yeux mouillés
de ton crâne rasé
et du Mal
qu'ils t'ont fait!

Ce soir,
Olga,
je me souviens de toi
et je porte en moi
ton dernier cri
comme un chant douloureux.

Oui,
si on veut,
d'une certaine manière,
c'est un Quizz,
en tout cas
une tentative
un peu folle
de nier l'oubli
et de ramener parmi nous
une belle figure du passé
qui du Brésil connut le meilleur
et le pire
en ces temps difficiles
d'entre deux guerres.

Olga Benario, femme de l'homme politique brésilien Luis Carlos Prestes.

L'indice capital fut "Le Chevallier de l’espérance", sous-titré "Vie de Luís Carlos Prestes" et écrit par Jorge Amado.

Je précise que je ne connaissais rien de cette histoire. Google est trop bon. Merci Silvio de nous faire connaître de telles destinées.


Un petit coup de Wikipedia :

Citation :

Olga Gutmann Benàrio est née en Allemagne, à Munich, en 1908. Elle est la fille de Leo Benàrio, un avocat social-démocrate, et d'Eugénie Gutmann, d'origine juive. À l'âge de 15 ans, Olga est membre d'un mouvement de jeunes communistes. Elle participe à la troisième Internationale et devient la compagne de Otto Braun, un cadre du parti.

En 1930, Otto Braun est accusé de trahison contre le gouvernement de Weimar et emprisonné à la prison de Moabit à Berlin. Olga organise son évasion et tous deux réussissent à fuir en Tchécoslovaquie puis en Union Soviétique.

Olga y participe au Vème Congrès Mondial de la Jeunesse Communiste Internationale en 1931. Elle rencontre le communiste brésilien Luís Carlos Prestes, lui aussi réfugié en Union Soviétique. Tous deux reçoivent mission d'organiser le parti communiste brésilien.

À deux, ils traversent l'Europe - passant par Amsterdam, Bruxelles, Paris -, pour rejoindre New-York, Miami, Santiago, Buenos-Aires et enfin le Brésil. Devenus mari et femme et établis à Rio de Janeiro, ils militent activement et participent au mouvement ALN-Ação Libertadora Nacional, interdit bientôt par le gouvernement en place. En 1936, Vargas organise la répression du soulèvement militaire et fait arrêter Prestes et son épouse sur dénonciation.

Olga est enceinte. Le gouvernement Vargas décide néanmoins sa déportation en Allemagne. Elle est embarquée de force et conduite à Hambourg où elle est accueillie par la Gestapo et aussitôt emprisonnée. Sa fille, Anita Leocádia Prestes, naît en prison. Olga est déportée au camp de concentration de Ravensbrück et est assassinée en chambre à gaz à Bernbourg en 1942. Sa fille est sauvée après une campagne internationale intense et récupérée par la mère de Prestes, Dona Leocádia.

A Bernimstrasse
peu de temps après sa naissance
les nazis
séparent la mère
Olga
de l'enfant
Anita Leocàdia.

http://fr.youtube.com/watch?v=B93NrHCepF8

Christian a écrit:

Citation :

Olga est enceinte. Le gouvernement Vargas décide néanmoins sa déportation en Allemagne. .

C'était quoi cette pourriture de gouvernement Vargas ?? Des chiens à la botte des Nazis?

La dernière lettre d'Olga

Mes chéris,

Demain,
je vais avoir besoin de toute ma force et de toute ma volonté.
Pour cela, je ne dois pas penser à toutes ces choses qui me torturent le coeur,
et qui me sont plus chères que ma propre vie,
et pour cela, je vous fais mes adieux dès maintenant.

Il m'est totalement impossible d'imaginer, ma fille chérie, que je ne te verrai jamais plus
et que je ne pourrai plus jamais te serrer dans mes bras anxieux,
que je ne pourrai plus te brosser les cheveux, te faire tes nattes,
-ah non, c'est vrai, on te les a coupées-
mais c'est bien aussi d'avoir les cheveux détachés, et un peu en désordre.

Avant tout, je veux te rendre forte,
tu dois marcher en sandales, ou pieds nus,
courir à l'air libre avec moi,
ta grand-mère, en principe, ne sera pas tellement d'accord avec ça,
mais bientôt nous nous comprendrons très bien,
tu dois la respecter et la chérir toute ta vie,
comme ton père et moi le faisons.

Tous les matins nous ferons de la gymnastique...
tu vois, je me surprends de nouveau à rêver,
comme si souvent la nuit,
et j'oublie que cette lettre
est mon adieu!

Et maintenant, quand je pense à ça,
l'idée même que je ne pourrai plus jamais prendre dans mes bras ton petit corps blanc,
est comme la Mort!

https://www.youtube.com/watch?v=lVDlHiT217A

Carlos,
mon grand amour,
devrais-je renoncer à tout ce que tu m'as apporté de bon?
Comment pourrais-je accepter l'idée de ne plus jamais t'avoir à mon côté,
que tes yeux ne me regarderont plus jamais,
et que je ne verrai plus ton sourire?
Je veux les prendre ensemble avec moi!

Je remercie la Vie tellement fort de m'avoir fait le don de vous deux!
Mais ce que je voudrais vraiment
c'est pouvoir vivre
une seule journée
heureuse
tous les trois réunis
comme je l'ai imaginé des millions de fois.
Est-il seulement possible d'imaginer que je ne verrai jamais
à quel point tu es fier et heureux de notre fille!

Ma chère Anita,
mon cher mari,
mon chéri,
je pleure en secret
pour que personne ne m'entende
parce que aujourd'hui je me sens privée de toutes les forces
qui me permettent de supporter une telle souffrance!

C'est justement pour cela que je me force
à vous faire mes adieux maintenant
pour ne pas avoir à le faire au dernier moment
de mes dernières et difficiles heures.
Après cette nuit, je veux vivre
pour ce futur si bref
qui me reste.

J'ai appris de toi
mon amour
ce que signifie la force de volonté,
tout particulièrement ces semaines de fuite
que nous avons vécues.

J'ai lutté
pour le Juste
pour le Bon
et pour le Meilleur
du Monde.
Je te promets
à l'heure de mes adieux
que jusqu'au dernier moment
vous n'aurez jamais à avoir honte de moi!

Je veux que vous compreniez bien:
me préparer à la Mort
ne signifie pas que je me rende
mais que je saurai faire face
quand elle surgira.
Mais en attendant
tellement de choses
peuvent encore arriver!
Jusqu'au dernier instant
je resterai ferme
et aurai la volonté de vivre.

Maintenant, je vais aller dormir,
pour être encore plus forte demain.

Mes baisers,
pour la dernière fois.
Olga

Très, très touchant Mais quelle horreur ces nazis de merde !! Dire qu'aujourd'hui, il y a encore des gens qui revendiquent cette idéologie monstrueuse

Bien triste histoire....
mais pourquoi tant de haine...???
A la maison, nous parlons souvent des "camps"! mon père ayant connu celui de Schirmeck,!
il ne faut que pas que nos enfants oublient cette triste période de la guerre, pour que plus jamais cela ne recommence.il faut en parler à nos petits enfants, qui en parlerons à leur tour à leurs enfants.il ne faut pas "oublier"
Mais moi je me pose souvent la question, Y a t 'il un bon dieu????

http://papeisdealexandria.blogspot.com/2008/04/centebnrio-de-olga-benrio-prestes-1898.html

Scotte, je suis entièrement d'accord avec toi, le devoir de mémoire est capital. Quitte à ce que nous passions pour de vieux cons. Les camps sont à mon avis un des moments les plus importants du 20ème siècle. Et rappeler aussi que ce n'est pas un phénomène isolé, il y en a eu d'autres, dans d'autres pays, dans d'autres guerres, je pense notamment à Pol Poth.

Ta dernière question, par contre, je ne me la pose pas...

Je repense à ce qu' écrivais Imre Kertez dans son superbe Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas

Imre Kertez a écrit:

« et cessez enfin de répéter, dis-je vraisemblablement, qu’Auschwitz est le fruit de forces irrationnelles, inconcevables pour la raison, parce que le mal a toujours une explication rationnelle […] en revanche, dis-je vraisemblablement, écoutez-moi bien, ce qui est réellement irrationnel et qui n’a vraiment pas d’explication, ce n’est pas le mal, au contraire : c’est le bien. »

Et puisque nous parlons ici du Brésil, j'ai une pensée pour Stefan Zweig et sa compagne, Lotte, qui se sont donnés la mort le 23 février 1942 à Petropolis, à coté de Rio de Janeiro, désespérés par ce qu'ils voyaient. Cela aurait pu faire l'objet d'un quizz, je me demande si Silvio ne l'avait pas prévu celui-ci.

Olga
bande son du film
par Marcus Viana
http://br.youtube.com/watch?v=VIp9ZUp1Q44

Olga Benario Prestes,
lors de son arrestation.


Anita Leocàdia Prestes,
née en 1936,
fille de Olga Benario Prestes (1908-1942)
et de Luiz Carlos Prestes (1898-1990)
est aujourd'hui professeur à la retraite.
Après avoir soutenu sa thèse en 1990,
sur la Colonne Prestes, le mouvement commandé par son père,
elle continue d'enseigner à l'Université Fédérale de Rio de Janeiro,
l'Histoire du Brésil.

Anita

c'est incroyable, et c'est très bien.
Comment un forum musical, devient forum historique....
Grâce à internet, j' apprend des choses tous les jours!
avant j'allais à la bibliothèque une fois par semaine, je fouinais dans tous les rayons pour trouver une lecture intéressante,et comme je n'ai plus le temps...Merci internet, et les forums.

Pour les derniers fidèles
d' Olga Benario Prestes
et de ce Post

un livre:
Olga
Récit
de Fernando Morais
(traduit du brésilien en français) chez Stock, 1990.

un film:
Olga
de Jayme Monjardim
(2004)
https://www.youtube.com/watch?v=tDS3m-hPKF0

Une autre scène émouvante du film
de Jayme Monjardim:
l'arrivée d'Olga au camp
http://fr.youtube.com/watch?v=KTPW-LgDSGM

scène très très émouvante!
Antonio, le fiancé d'Aurore vient d'arriver du Brésil pour un mois.
Il connait bien l'histoire d'Olga.
Il a eu l'occasion d'aller à des cours à l'université de Rio avec sa fille Anita.

http://www.galizacig.com/imxact/2005/01/olga_benario_sua_filla_anita_leocadia_1941_320.jpg

Olga
Récit biographique
de Fernando Morais
(traduit du brésilien en français) chez Stock, 1990.
(L'édition brochée contient un bel album photo)

scotte a écrit:

Bien triste histoire....
mais pourquoi tant de haine...???
A la maison, nous parlons souvent des "camps"! mon père ayant connu celui de Schirmeck,!
il ne faut que pas que nos enfants oublient cette triste période de la guerre, pour que plus jamais cela ne recommence.il faut en parler à nos petits enfants, qui en parlerons à leur tour à leurs enfants.il ne faut pas "oublier"
Mais moi je me pose souvent la question, Y a t 'il un bon dieu????

http://papeisdealexandria.blogspot.com/2008/04/centebnrio-de-olga-benrio-prestes-1898.html

Tu as raison scotte
en parler et y aller
en famille voir sur place
en France, en Allemagne,
en Pologne et ailleurs...

Le mercredi 29 avril 2009
de passage à Prague
(République Tchèque)
je me suis rendu en famille
au camp de Terezin
(Theresienstadt en allemand)
celui-là même ou mourut du typhus
le grand poète français Robert Desnos
un mois après la fin de la guerre...

L'entrée principale



L'entrée secondaire

Robert Desnos


Dernier Poème
J'ai rêvé tellement fort de toi,
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres
D'être cent fois plus ombre que l'ombre
D'être l'ombre qui viendra et reviendra
dans ta vie ensoleillée.
(retrouvé dans sa poche à Terezin le 8 juin 1945)


Robert Desnos, début 1945.

Emission à écouter:
http://images.google.com/imgres?imgurl=http://s1.e-monsite.com/2008/09/17/66681906arton2792-jpg.jpg&imgrefurl=http://www.arcane-17.com/rubrique,desnos,1168504.html

Plaque commémorative à Terezin.

Olga
Iluminar
(Marcus Viana/ Vladimir Mayakovski)
https://www.youtube.com/watch?v=IUNcCFjyrkg