Glauber Rocha

J'adule Glauber Rocha
pour ce qu'il fut
pour ce ce qu'il donna
pour sa rage viscérale
pour son rêve surtout
et son idéalisme radical.

Je vénère Glauber Rocha
pour ses excès coléreux
et ses colères excessives
pour ses images en noir et blanc
qui irradient comme un soleil
le Sertão de tous ses désespoirs.

Je ne compare pas Glauber Rocha
avec aucun autre cinéaste
même du Cinéma Novo,
que je respecte et admire,
mais on ne compare pas la Belle
et la Bête, on constate c'est tout.

Je n'oublie pas que Glauber Rocha
fit un cinéma divin avec trois fois rien,
dans un pays où on ne lui donnait rien
lui qui avait si faim et d'amour et de pain
pour son pays, pour son peuple et son cinéma.
Comme Saint-Sébastien il est mort fléché!

Ses ailes coupées ne l'empêchèrent
jamais de voler, et de filmer avec son sang
quelquefois de mauvais films,
souvent des films essentiels,
qui expriment tous en filigrane
l'Amour de son Pays Idéal.

Je n'oublie pas que Glauber Rocha
est mort insatisfait, porteur de rage
et d'idéal jusqu'à son dernier souffle,
et que loin de son pays qu'il aimait tant
sentant la mort venir avec sa gueule atroce
il souhaita rendre l'âme sur sa terre natale.

Pour le Brésil,
Glauber Rocha est au cinéma ce que
Chico Buarque est à la musique
Oscar Niemeyer à l'architecture
Guimarães Rosa à la littérature
Darcy Ribeiro à l'anthropologie
Paulo Freire à la pédagogie
Dom Hélder Câmara à l'Eglise
et Pelé au football.


Saint Sébastien fléché.

Glauber Rocha

Toutes les copies de Deus e o Diabo na Terra do Sol (Le Dieu noir et le Diable blond) ont été détruites par la dictature militaire brésilienne (1964-85), à l'exception de celle qui parvint clandestinement au Festival de Cannes...

En noir et blanc
toute branlante
toute tremblante
la Beauté
est une Grenade
qui éclate
dans un ciel d'été
http://fr.youtube.com/watch?v=EWGu1bLwXL4&feature=related

Silvio a écrit:

Toutes les copies de Deus e o Diabo na Terra do Sol (Le Dieu noir et le Diable blond) ont été détruites par la dictature militaire brésilienne (1964-85), à l'exception de celle qui parvint clandestinement au Festival de Cannes...

ET qu'est ce qui qui attiré les foudres de la dictature dans ce film?

Je parie sur la liberté de ton du film. Les dictatures n'aiment pas l'art en général, surtout quand il est aussi libre que celui de Glauber Rocha.
Parce que le moins que l'on puisse dire est que l'histoire est nettement moins manichéenne que le titre pourrait laisser paraître. Le Dieu noir n'est pas le bien, ni le Diable blond le mal...

Oui, bien sûr
liberté totale
d'expression
et d'opinion.

Mais il cumulait d'autres torts
aux yeux des militaires retors.
Il utilisait la force d'expression de l'image
et son langage universel, en un art Novo,
pour exprimer et divulguer par la caméra
ses idées, ce qui le rendait plus dérangeant
sur la scène internationale qu'un chanteur,
un écrivain ou même un opposant politique
s'exprimant dans sa seule langue natale.

Sa célébrité acquise à l'étranger le protégeait
en un sens mais en faisait aussi une cible de choix.

Pire que tout, il aimait son pays et ne parlait que de lui
dans son cinéma, ses livres, ses critiques, ses interviews,
l'invitant à réfléchir avec fierté sur son passé, son présent
et son avenir, et à créer un modèle de développement
original et national, sans modèle extérieur de type colonial.

Sa vision de son pays, privilégiant l'Histoire nationale,
ses pauvres, son métissage, ses racines, ses luttes sociales,
et invitant à faire de la politique en fonction d'un idéal social
se heurtait à l'idéologie dominante d'une Dictature militaire
favorisant les intérêts des grands possédants et d'une bourgeoisie
peu pressée d'abandonner ses privilèges et ses intérêts de classe
et totalement opposée à un Cinéma critique la présentant
comme dévoreuse, exploiteuse et non respectueuse d'un Peuple
métissé, qui aime le riz et le feijão, le candomblé et la samba!

Glauber à ce sujet était sans concessions et incontrôlable
ce qui était insupportable à un Etat censeur, contrôleur d'opinion.
L'extrait ci dessous vous montrera la bombe-humaine
en pleine action:
http://fr.youtube.com/watch?v=b1giGZkln_0

J'en traduirai bientôt en français les meilleurs extraits
pour vous donner une meilleure idée de la charge explosive.
Quant à son cinéma, ce post ne suffirait pas à en résumer
l'impact, et la force intacte, qui n'a rien perdue de sa modernité
dans le monde d'aujourd'hui confronté à des enjeux planétaires
qui du Sertão de Glauber ont montré la valeur universelle.

Je me lance
- souhaitez-moi bon courage -
dans la traduction
de la vidéo précédente:

Attention!
Silence à tous
sur les côtés!
Vas-y Roberto,
on tourne!
on tourne!

Extrait 1 (Film Terra em transe, 1967)
Voyez ce qu'est le peuple
un imbécile
un analphabète
un être sans aucune conscience politique!

Extrait 2 (Film Deus e o diabo na terra do sol, 1963)

Extrait 3: (Glauber Rocha)
Ma position est la suivante:
j'ai dédié 20 ans de ma vie au cinéma brésilien
je suis l'un des principaux artistes d' Embrafilm
j'ai réalisé quelques uns des films brésiliens les plus primés à l'étranger
et je me retrouve au Brésil MARGINALISE
et sans aucune perspective de faire du cinéma
parce que je ne vois aucune perspective de faire du cinéma
dans le système économique actuel qui règne au Brésil...

Extrait 4 (Film Terra em transe, 1967)

Extrait 5: (Glauber Rocha)
Revenons à l'intérieur de notre Brésil.
Regardons les fleuves et les forêts
dans ce Grand Brésil
où vit un peuple
miséreux
liquidé
malade
qui a vraiment besoin d'être secouru.
Alors arrêtons ces luttes pour le pouvoir
et revenons aux besoins de base
la santé
l'école
l'hôpital
le normal!
Nous devons avoir un peu d'amour pour ce peuple!

Extrait 6: (film)
Une nation tropicale
une nation simple
une nation sentimentale
comme dit le poète Pete Catalão (?)
brave poète du Planalto de Brasilia
une nation sentimentale
une nation sans cravate.

Extrait 7: (Glauber Rocha)
Comment peut-on faire une révolution économique
ou bien culturelle
sans même avoir une culture développée?
et parmi tous les arts le cinéma est le plus important...

Extrait 8: (Film Deus e o diabo na terra do sol, 1963)

Extrait 9: (Glauber Rocha)
La situation actuelle est la suivante:
une mer de "pornochanchadas" envahit nos écrans.
Le mouvement du cinéma Novo
qui était un courant important au niveau international dans les années 60
et qui a créé le cinéma brésilien
ce mouvement du cinéma Novo a été détruit par différents courants qui...

Extrait 10: (images de Glauber Rocha)

(à suivre)

Sivio,

un exemple de sous titrage par l'outil dont je t'ai parlé par mail (juste sur le début du manifeste de Glauber Rocha). C'est facile! Il suffit de placer tous ses sous titres dans la fenêtre à droite (ils sont tous calés sur 0secondes au début), puis en faisant tourner la video, on spécifie le début et la fin d'affichage du commentaire avec les flèches <== et ==>. Puis on sauve son travail et on demande une adresse http:/... pour l'utiliser dans un lien.

http://www.overstream.net/view.php?oid=ieent6utetag

Merci Zaraké,
ça sera vraiment utile pour d'autres vidéos,
mais je dois d'abord m'entrainer sur cet outil
car je ne maîtrise que moyennement la technique
informatique et je suis lent dans ses applications!
Mais je te promets d'essayer à la première occasion.

En attendant, du Manifeste de Glauber Rocha
je vous ai gardé le meilleur pour la fin:

Extrait 11: (Glauber Rocha)
Le cinéma brésilien n'a pas de structure industrielle.
Le cinéma brésilien est réalisé par des amateurs
ou par des professionnels, pour ainsi dire, improvisés,
par des entrepreneurs qui empruntent de l'argent aux banques
à des taux de crédit élevés,
en sorte qu'il s'agit d'une activité artisanale.

Il est le reflet d'une situation industrielle artisanale
d'une situation industrielle qui n'a pas fait de révolution industrielle
ce qui est le cas typique du Brésil,
et notre marché cinématographique
est un marché constitué de 3600 salles de cinéma,
4000 au maximum, enregistrées à Embrafilm,
et parmi ces salles, à peine 500 peuvent être fréquentées,
les autres sont pleines de rats,
sentent mauvais,
ont des écrans salis,
ou si vous préférez,
sont dans des conditions lamentables.

Pourquoi la bourgeoisie doit-elle être cruelle et inhumaine?
Bon, c'est une question à méditer!
Bonne nuit, Saravà!

Il n'y a en moi aucune intention de faire de la provocation,
aucune folie,
j'ai seulement la volonté de provoquer une réflexion critique
et de bousculer les mythes!
D'ailleurs, si je peux critiquer,
j'aimerais aussi que quelqu'un vienne ici
pour dire que Glauber Rocha est une canaille
et je lui laisserais le micro
pour lui permettre d'exprimer tout ce qu'il a à dire contre moi,
c'est ça la démocratie!
Nous avons tous le même ego,
il n'y a aucune raison de garder en soi de la rancoeur
ou de conserver des haines cachées,
c'est la raison pour laquelle je ne supporte pas l'esprit de revanche!

Les communistes ne peuvent pas prétendre
qu'il n'y a pas de dissidence en Union Soviétique,
qu'il n'y a pas de répression dans ce pays,
car la répression existe bien là-bas.
La Révolution soviétique a apporté des choses positives,
mais elle a aussi amené des choses négatives!

Oublions l'étranger!
Pensons au Brésil!
Revenons à l'intérieur de notre Brésil.
Regardons les fleuves et les forêts
dans ce Grand Brésil
où vit un peuple
miséreux
liquidé
malade
qui a vraiment besoin d'être secouru.
Alors arrêtons ces luttes pour le pouvoir
et revenons aux besoins de base
la santé
l'école
l'hôpital
le normal!
Nous devons avoir un peu d'amour pour ce peuple!

C'est pour cela que je n'aime pas les leaders bourgeois
parce qu'ils parlent pour ne rien dire
et s'intéressent seulement au pouvoir.
Pas d'autoritarisme!
Personne n'a le droit de parler au nom du peuple,
et la Révolution soviétique appartient au passé,
comme la Révolution française,
Giscard d'Estaing,
l'Eurocommunisme,
ça suffit l'Europe!

Découvrons la feijoada,
le carnaval, le frevo,
les choses nationales,
le Brésil existe!

Les brasilianistes étrangers,
les brésiliens qui parlent mal du Brésil,
ce sont eux qui sont dépassés par l'Histoire!
Nous sommes des nègres, des mulâtres, des indiens,
nous sommes des nordestins,
notre culture est la macumba
et non pas l'opéra,
alors nous devons aller de l'avant
et découvrir notre Brésil!

http://fr.youtube.com/watch?v=JW2gRSFvc6o

Silvio a écrit:

Merci Zaraké,
ça sera vraiment utile pour d'autres vidéos,
mais je dois d'abord m'entrainer sur cet outil
car je ne maîtrise que moyennement la technique
informatique et je suis lent dans ses applications!
Mais je te promets d'essayer à la première occasion.

http://fr.youtube.com/watch?v=JW2gRSFvc6o

Bon, je vais te le faire quand tu auras fini la traduction

Chose promise...

Le manifeste de Glauber Rocha traduit par Sivio

Quelle fougue !!

Il parle d'un retour à l'essence de la culture Brésilienne au lieu de subir les influences (Européennes notamment), ce qui aurait pu plaire à une Dictature réactionnaire. Mais c'est un retour à la culture populaire et non bourgeoise qu'il préconise. Il évoque également le sort de la majorité du peuple, pauvre et malade. Et ça ne devait pas être du goût de tout le monde!

Tu as raison, pour la Dictature, c'était une danger vivant ce Glauber Rocha !!!

Je ne sais comment te remercier
mon cher Zaraké, pour ton apport
définitif à cette vidéo de Glauber!
Merci pour ton soutien considérable!

Tu lui as rendu la voix et la présence
par ta fougue au moins comparable
à celle de Rocha, qui ne gardait pas
sa langue dans sa poche et disait
qu'avec une idée dans la tête
et une caméra dans la main
on peut faire le cinéma de demain!
Abraço.

Silvio a écrit:

Je ne sais comment te remercier
mon cher Zaraké, pour ton apport
définitif à cette vidéo de Glauber!
Merci pour ton soutien considérable!

De rien Silvio, ça valait le coup de se casser un peu la tête.

La fondation Glauber Rocha, ou l'on trouve une autre partie du manifeste (section videos : programa abertura). Il y a une option pour avoir le site en français

Fondation Glauber Rocha

Autres propos (dans le meme veine)

Programa 'Abertura' [trecho 01]

Programa 'Abertura' [trecho 02]

Programa 'Abertura' [trecho 03]

Je viens de dégoter à Rio un coffret de 4 DVD de Glauber Rocha: "Terra em Transa", "O Dragao da Maldade Contra o Santo Guerreiro", " A Idade da Terra" et "Barravento".
J'en reparlerai quand je les aurai visionné, promis!

Glauber Rocha
Deus e o Diabo na terra do sol (1964)
https://www.youtube.com/watch?v=cSmxZ6h6clM

Extrait du dialogue entre
l'aveugle clairvoyant
et Antonio das Mortes:

- Est-ce en tuant qu'on aide ses frères, hein?
- Sebastian m'a posé la même question.
- Je ne l'ai pas voulu, mais c'était nécessaire. Je n'ai pas tué les dévots pour l'argent, je les ai tués parce que je n'accepte pas leur misère.
- Ce n'est pas la faute du peuple, Antonio! (3 fois)

- Un jour il y aura une guerre plus importante dans ce Sertão, une grande guerre, sans l'aveuglement de Dieu et du Diable!
Et pour que cette guerre commence plus vite, moi qui ai déjà tué Sebastian je vais maintenant tuer Corrisco,
et ensuite je disparaîtrai à mon tour, car nous sommes tous les mêmes!

Deus e o Diabo na terra do sol
https://www.youtube.com/watch?v=EGUyY0fyyfA

Je ne comprends rien à cette vidéo, mais j'aime la véhémence de ces deux personnages

Glauber Rocha & Caetano Veloso

Zaraké a écrit:

Je ne comprends rien à cette vidéo, mais j'aime la véhémence de ces deux personnages

Glauber Rocha & Caetano Veloso

La vidéo nous ramène aux temps
troubles
de la dictature militaire brésilienne
et au rôle
des artistes
dans des régimes qui instrumentalisent
la culture
comme forme de divertissement aliénant
si ce n'était
des empêcheurs de penser en rond
comme les
Glauber Rocha
et Caetano Veloso
de ces années-là!




Glauber Rocha:
Comment peut-on faire une révolution économique
ou culturelle
sans même avoir une culture développée?

J'ai dédié 20 ans de ma vie au cinéma brésilien
je suis l'un des principaux artistes d' Embrafilm
j'ai réalisé quelques uns des films brésiliens les plus primés à l'étranger
et je me retrouve au Brésil MARGINALISE
et sans aucune perspective de faire du cinéma
parce que je ne vois aucune perspective de faire du cinéma
dans le système économique actuel qui règne au Brésil...

10% du peuple brésilien mange du feijão
et non pas 10 sur 10 des Brésiliens
ton feuilleton est une merde
je t'aime bien
mais ça c'est une honte nationale

C'est la conscience nationale
c'est le miroir intellectuel-culturel-philosophique
de la nation
surtout à la télévision

Qui ne suit pas la flûte du MDB est censuré
Il y a aussi un grand chantage dans les universités
Il n'y a pas d'ouverture, non
Il n'y a pas d'ouverture pour Caetano, pour Gilberto Gil
Il n'y a pas d'ouverture pour les vrais penseurs Brésiliens




Caetano Veloso:
(Très en colère)
Mais c'est ça la jeunesse
qui dit vouloir prendre le pouvoir?
Vous avez le courage d'applaudir
cette année une musique,
un genre de musique
que vous n'auriez pas eu le courage
d'applaudir l'an dernier!

Vous ne comprenez rien!
Rien!
Rien!
absolument
rien!

Et moi je suis venu vous dire ici
que ceux qui ont eu le courage
qui ont eu ce ce courage
d'assumer la situation
et de la faire exploser!
C'est Gilberto Gil!
Et c'est Moi!
Personne d'autre!
C'est Gilberto Gil!
Et c'est Moi!

Vous avez déjà perdu!
Vous n'allez pas vaincre...
Mais de quelle jeunesse parle-t-on?
Quelle est cette jeunesse?

Gilberto Gil est ici avec moi
pour en finir avec ce festival...
et avec toute l'imbécilité
qui règne au Brésil!
Pour en finir une fois pour toutes!

Nous, moi et lui,
nous avons eu le courage
de faire face à toutes les situations
et de nous en sortir...
Et vous?
Et vous?






Glauber Rocha:
Bonne nuit, Saravà!
Il n'y a en moi aucune intention de faire de la provocation,
aucune folie,
j'ai seulement la volonté de provoquer une réflexion critique
et de bousculer les mythes!
D'ailleurs, si je peux critiquer,
j'aimerais aussi que quelqu'un vienne ici
pour dire que Glauber Rocha est une canaille
et je lui laisserais le micro
pour lui permettre d'exprimer tout ce qu'il a à dire contre moi,
c'est ça la démocratie!

Oublions l'étranger!
Pensons au Brésil!
Revenons à l'intérieur de notre Brésil.
Regardons les fleuves et les forêts
dans ce Grand Brésil
où vit un peuple
miséreux
liquidé
malade
qui a vraiment besoin d'être secouru.
Alors arrêtons ces luttes pour le pouvoir
et revenons aux besoins de base
la santé
l'école
l'hôpital
le normal!
Nous devons avoir un peu d'amour pour ce peuple!

C'est pour cela que je n'aime pas les leaders bourgeois
parce qu'ils parlent pour ne rien dire
et s'intéressent seulement au pouvoir.
Pas d'autoritarisme!
Personne n'a le droit de parler au nom du peuple!

Découvrons la feijoada,
le carnaval, le frevo,
les choses nationales,
le Brésil existe!

Les brasilianistes étrangers,
les brésiliens qui parlent mal du Brésil,
ce sont eux qui sont dépassés par l'Histoire!
Nous sommes des nègres, des mulâtres, des indiens,
une nation tropicale
une nation simple
une nation sentimentale
une nation sans cravate.
nous sommes des nordestins,
notre culture est la macumba
et non pas l'opéra,
alors nous devons aller de l'avant
et découvrir notre Brésil!

L'art libre c'est l'art brésilien!
"Emmanuelle" et "Le dernier Tango à Paris"
ne sont pas des oeuvres d'art
ce sont juste des films pornographiques!

Bonne nuit!
Et dites aux enfants brésiliens
qu'ils ne doivent pas regarder "Superman"...

Regardez Severino
(close no Severino)
c'est l'image du peuple brésilien!

Pour mieux connaître
Glauber Rocha
son époque
ses films
et le Cinema Novo


256 pages / 18 € / ISBN : 2-86642-052-7 / Réf. Seuil : 09842
Publié en 1987, réédité en 2005.

Sylvie Pierre a collaboré aux Cahiers du cinéma de façon permanente de 1966 à 1971.
Elle a séjourné cinq ans au Brésil. Elle est membre du comité de rédaction de la revue Trafic.
Cet ouvrage est une étape de ses recherches spécifiques sur Glauber Rocha, dont elle a été l’amie.

Impressionnant ! C'étaient des combattants, et il fallait du courage à cette époque pour secouer ainsi le cocotier.

Enterrement de Glauber Rocha
Discours de Darcy Ribeiro (23 août 1981)
https://www.youtube.com/watch?v=aKjAovc7YC4

"Sa courte vie
écorché
la chair à vif
capable de se réjouir
- hein Glauber -
mais plus encore
capable de souffrir
de notre douleur.

Une fois
je n'oublierai jamais
Glauber a passé une matinée
dans mes bras
à pleurer
à pleurer
toutes les larmes de son corps.

J'ai mis longtemps à comprendre
- personne ne comprenait -
que Glauber pleurait
la souffrance
que nous aurions dû sentir
la souffrance
de tous les Brésiliens.

Glauber pleurait
les enfants qui ont faim
Glauber pleurait
ce pays qui n'a pas réussi
Glauber pleurait
la brutalité
Glauber pleurait
la stupidité
la médiocrité
la torture
il ne le supportait pas
et pleurait
pleurait
pleurait.

Les films de Glauber
sont ça:
une lamentation
un cri
un hurlement.

C'est cela qu'il nous reste
de Glauber.
Ce qu'il nous laisse
c'est le legs de son indignation.
Il fut le plus indigné de nous tous.
Indigné
par le monde tel qu'il est
chaotique.
Indigné
parce que plus que nous tous
il voyait le monde tel qu'il aurait pu être
tel qu'il sera
- hein Glauber -
tel qu'il doit être.

Glauber a vécu
l'espérance et le désespoir
comme un pendule
affolé.

Foto de Paula Gaitán


“Prefiro ser um cadáver a um desses mortos-vivos que andam por aí”.
"Je préfère être un cadavre qu'un de ces morts-vivants qui passent par ici"
Glauber Rocha


Glauber Rocha vécut
la dernière année
de sa courte vie
à Sintra au Portugal
avec sa femme
Paula Gaitán
et ses deux enfants
Erik et Ava...

25 ans après
Paula Gaitán
retourne à Sintra
sur les traces
de Glauber...

Diário de Sintra
(de Paula Gaitán)
(Journal de Sintra) (2007)
https://www.youtube.com/watch?v=4pccReZCKWc


Glauber et son fils Erik à Sintra - Foto de Paula Gaitán

Terra em Transe (Terre en transe) -1967

Glauber Rocha
est à Lisbonne en 1974
en pleine Révolution des oeillets.
Il participe au tournage collectif du film
As Armas e o Povo (1975)
et interviewe lui-même dans la rue
les militaires, les ouvriers, les femmes du peuple,
leur rendant la parole confisquée...

Glauber dans la rue:
As Armas e o Povo
https://www.youtube.com/watch?v=YrryJyMEtSA

Sacré bonhomme ! Il aurait pu se faire virer du Portugal non?

Zaraké a écrit:

Il aurait pu se faire virer du Portugal non?

Dans l'euphorie d'une révolution populaire
pacifique
et dans le désastre d'un régime déliquescent
finissant
je crois qu'il ne risquait plus grand chose
au Portugal
à ce moment-là.

Ce tournage dans la rue est impressionnant!
C'est du micro-trottoir direct sans fioritures:

-O senhor esta disposto a lutar pela liberdade do povo?
Vous êtes prêt à vous battre pour la liberté du peuple?
- Lutar até a hora da morte!
A me battre jusqu'à la mort!